On apprend de la Map (Agence marocaine de presse) que lors du festival de Tiznit, lequel se clôture aujourd’hui, le chant a été à l’honneur grâce à plusieurs interprètes de la chanson “amazighe et marocaine”. Dans la dépêche MAP, la phrase entière est écrite ainsi : «Au programme de cette édition, figure la mise en place de plusieurs stands ouverts au grand public, ainsi que l’organisation de divers spectacles qui seront animés par plusieurs figures de la chanson amazighe et marocaine ».
L’agence d’information marocaine voulait-elle préciser “la chanson populaire d’expression amazighe et en darija” ?
Avait-elle plutôt l’intention d’écrire : “la chanson amazighe marocaine et maghrébine de manière générale” ?
Ou s’est-elle fait trahir par la traduction littérale de l’arabe classique vers le français où la conjonction “et” n’est pas toujours une distinction ou un cumul mais peut avoir une fonction répétitive -de figure de style- dans le sens “la chanson marocaine amazighe” … mais seulement dans ce sens.
Vigilance est de mise pourtant car l’expression italienne ne prévient-elle pas que “traduttore traditore” ? Expression italienne empruntée au si éloquent et bien français Du Bellay* : «Mais que diray-je d’aucuns, vrayement mieux dignes d’estre appelez traditeurs, que traducteurs? veu qu’ils trahissent ceux qu’ils entreprennent exposer, les frustrans de leur gloire, et par mesme moyen seduisent les lecteurs ignorans, leur monstrant le blanc pour le noir».
En tout cas, chère MAP qui inspire certains de nos papiers, merci de corriger car le français a aussi ses règles tout comme la marocanité : nous ne nous départons pas de nos racines ni de notre présent ni de notre futur amazigh, quelle que soit notre langue d’expression.
*Joachim du Bellay, «La Défense et illustration de la langue française», chapitre VI