Le Roi Felipe VI a annoncé, dans un communiqué du palais royal dimanche soir, sa décision de renoncer à l’héritage de son père. Le Palais a également indiqué que Juan Carlos Ier ne pourrait plus percevoir la dotation annuelle qui lui était versée, de plus de 194.000 euros selon la presse.
« Afin de préserver l’exemplarité de la Couronne », le Roi Felipe VI a indiqué dans un communiqué « sa décision de renoncer à l’héritage de Don Juan Carlos qui aurait pu lui revenir personnellement ».
L’ancien Roi d’Espagne, Juan Carlos Ier, officiellement retiré de la vie publique depuis mai 2019, est soupçonné de détenir une fortune opaque. Et ce, notamment en raison de ses liens avec les monarchies du Golfe. L’annonce de son fils intervient après plusieurs révélations récentes de la presse internationale, rapporte AFP.
Par ailleurs, le quotidien la Tribune de Genève a indiqué que Juan Carlos a reçu, en 2008, 100 millions de dollars de la part du Roi d’Arabie saoudite sur le compte en Suisse d’une fondation panaméenne. Le quotidien The Daily Telegraph a indiqué pour sa part que Felipe VI était bénéficiaire de cette fondation. Toutefois, le Roi Felipe VI a affirmé avoir appris en mars 2019 sa « supposée désignation » comme bénéficiaire de cette fondation et avoir signifié en avril devant notaire sa volonté de n’accepter « aucun bénéfice ou participation au sein de cette entité ». Il annonce ainsi sa décision de renoncer à « tout actif, investissement ou structure financière dont l’origine, les caractéristiques ou la finalité pourraient ne pas être en accord avec la légalité, ou avec les critères de droiture et d’intégrité régissant son activité institutionnelle et privée ».
El Mundo a estimé que le Roi Felipe VI a été contraint de renoncer à l’héritage de son père, soupçonné de corruption, en raison des pots-de-vin que l’ancien Roi de l’Espagne a reçus de la part de l’Arabie saoudite. Le motif de ce « cadeau » sans contrepartie reste flou. À la même époque, l’Espagne et la France se disputaient un contrat à 6 milliards d’euros pour la construction d’une ligne de train reliant Médine et La Mecque. L’Espagne a obtenu le contrat. Si l’argent au centre de cette affaire était un pot-de-vin, l’argent aurait circulé dans l’autre sens, de l’Espagne vers les Saoudiens.
Rappelons que la monarchie espagnole a déjà souffert d’une affaire de corruption retentissante : Inaki Urdangarin, le beau-frère du Roi d’Espagne et mari de l’infante Cristina a été condamné à une peine de cinq ans et dix mois de prison pour détournement de fonds publics, fraude fiscale, trafic d’influence. Il a détourné entre 2004 et 2006 des subventions attribuées à la fondation à but non lucratif Noos dont il était le président.