Alors qu’une vague d’émotion au Maroc et dans le monde entier a accompagné la mort tragique du petit Rayan, coincé pendant 96 heures au fond d’un puits à Chefchaouen, les commentaires nauséabonds de certains agitateurs notoires ont provoqué la colère et la stupéfaction.
Les sacrifices humains ont de cruelles exigences. Le Maroc tout entier s’est levé pour sauver un garçon de cinq ans, l’attention de tous était uniquement concentrée sur cet but; une même angoisse a étreint tous les cœurs. Presque tous. Zakaria Moumni, Mohamed Hajib, Maati Monjib, ils sont ceux qui mènent gaiement au gouffre tous ceux qui se sont laissé entraîner à leur suite, dans leur course à la ruine : alors qu’une opération de sauvetage de grande envergure a été menée durant plusieurs jours par des secouristes marocains pour sauver la vie de Rayan, un enfant de 5 ans, tombé mardi dans un puits profond, plusieurs personnalités sulfureuses ont en profité pour propager des bruits nés on ne sait d’où, pour travestir les événements et grossir l’importance de certaines rumeurs.
L’opération de sauvetage était lente et périlleuse compte tenu «de la nature du sol qu’il fallait forer» et du risque d’éboulement. Au même moment, un ex-terroriste, un blanchisseur d’argent et un escroc exilé au Canada tentaient d’ajouter foi aux plus ridicules commérages comme aux fables les plus impossibles afin de mettre en cause l’abnégation de l’autorité publique marocaine. Mohamed Hajib en est allé au point de dépeindre comme «complot» les attentats du 16 mai 2003 qui ont fait 45 morts et des dizaines de blessés dans la capitale économique marocaine.
La propagation clandestine de certains détails a pris le caractère de la diffamation et de l’injure, quand les secouristes se sont efforcés, pendant cinq jours, à faire parvenir de l’oxygène et de l’eau à travers des tubes et des bouteilles descendus jusqu’à Rayan, sans certitude qu’il ait pu les utiliser, et dans des conditions très difficiles. Alors que les funérailles de l’enfant sont prévues lundi 7 février dans le village d’Ighrane (nord), où s’est dénoué le drame, les passions malsaines, les préjugés antimarocains, les prétentions de partis, les vanités et même les mauvaises intentions, continuent de se remuer pour critiquer les institutions nationales, comme si toutes les difficultés d’une situation compliquée de tant de questions épineuses et inévitables n’étaient pas suffisantes.
Le malheur est qu’on s’agite plus qu’on n’agit. D’autres personnalités, habituées aux frasques verbales, ont observé le silence durant toute cette crise, à l’image de Fouad Abdelmoumni, Khadija Ryadi, Hassan Aourid, Boubker Jamai; dans les moments les plus cruciaux, les pouvoirs publics étaient une réalité vivante et réactive tandis que ceux qui portent l’étiquette impuissante d’une opposition nominale jouaient un très mauvais rôle. De dangereux utopistes croyant peser par leurs déclamations, des crieurs parasites qui espéraient l’échec de l’opération.
Ils se sont trompées. La bravoure était partout; elle annonçait un peuple vigoureux, sain, qui sent sa force et qui est sûr de soi. Partout la dignité, le calme, le travail. Alors que d’heure en heure la face des choses semblait changer, les secoureurs et les autorités œuvraient pour sauver le petit Rayan. Pas de forfanterie, pas de bravade : le vrai courage. Chacun ne voulait penser qu’à la vie du garçon. De ces scènes douloureuses et simplement héroïques, l’image sacrée de l’union populaire.
La dépouille du garçonnet de 5 ans a été transportée à l’hôpital militaire de Rabat. À l’étranger, le pape François, très ému, a salué tout un peuple (marocain) qui s’est rassemblé pour sauver Rayan, lors de la prière de l’Angélus célébrée au Vatican. Ils ont tout tenté, malheureusement il n’a pas survécu. Mais quel exemple. Merci à ce peuple pour ce témoignage, a dit le souverain pontife. Plusieurs responsables internationaux ont salué les efforts des autorités marocaines pour sauver Rayan. Le roi Mohammed VI lui-même a appelé les parents de Rayan pour présenter ses condoléances.
Dès l’annonce du décès de Rayan, les hommages sur les réseaux sociaux ont afflué en provenance du monde entier et dans toutes les langues. Rayan était tombé accidentellement mardi dans un puits asséché de 32 mètres, étroit et difficile d’accès, creusé près de la maison familiale dans le village d’Ighrane, dans la province de Chefchaouen (nord). Son cas a provoqué une émotion mondiale inédite. Entrés dans une brèche horizontale samedi 5 février, les sauveteurs avaient continué leur travail centimètre par centimètre, creusant à la main pour éviter tout éboulement.
Jusqu’à vendredi 4 février, les secouristes s’étaient efforcés de faire parvenir de l’oxygène et de l’eau à travers des tubes et bouteilles descendus jusqu’à Rayan, sans certitude qu’il puisse les utiliser. Dès l’annonce du drame, des dizaines de sympathisants ont accouru pour aider et campé sur place, dans cette zone montagneuse du Rif, à près de 700 mètres d’altitude.
Un foreur bénévole, Ali Sahraoui, un quinquagénaire, a creusé la terre avec ses mains pendant l’opération de secours. Il est est devenu le héros inespéré des internautes. Dimanche 6 février, les travaux ont commencé pour combler le puits et le tunnel de secours. L’appel à ce que s’absorbent et disparaissent toutes les différences d’opinions, toutes les divisions, toutes les divergences et toutes les rivalités, qu’elles soient fondues et réconciliées dans un même élan de solidarité et d’abnégation le temps de sauver Rayan, n’a pas été entendu par certains fanatiques qui se disent opposants.