La croissance économique du Maroc devrait être revue à la baisse à près de 2% en 2020. L’Etat doit aujourd’hui lâcher le déficit budgétaire et se défaire de la règle très contraignante des 3%, imposée par le FMI.
L’année 2020 sera très difficile sur le plan économique, lequel n’aura droit qu’à un modeste rebond. Plusieurs entreprises sont à l’arrêt. Tout l’enjeu aujourd’hui est d’identifier les potentielles séquelles de cette récession afin de les anticiper.
Le coronavirus va lourdement peser sur la croissance dans le monde, notamment le Maroc ,à cause de la pandémie de coronavirus, a indiqué la Banque mondiale dans des prévisions mises à jour lundi. Dans ce contexte, le recours à une Loi de Finances (LF) rectificative est aujourd’hui une nécessité étant donné que les hypothèses de la LF 2020 sont devenues caduques avec la sécheresse et le coronavirus. Les cieux n’ont pas été très généreux cette année et les conditions actuelles suggèrent que le Maroc est en trajectoire pour la plus faible croissance en deux décennies. Il sera ainsi question d’une révision à la baisse des projections en matière de taux de croissance, vers 2% à 2,5% ou moins. Rappelons que plusieurs économistes annoncent une baisse conséquente de la demande extérieure, une baisse de l’activité économique nationale et de la consommation. Et les TPME sont évidemment vulnérables pour la plupart.
Jusqu’à présent, le comité de veille économique a pris des mesures afin de faire face aux conséquences lourdes sur les plans économique et social en raison du ralentissement, voire de l’arrêt de plusieurs secteurs d’activité économique. Le CVE a traité en priorité les mesures destinées aux salariés en arrêt de travail. Il s’est ensuite penché sur les premières mesures à l’adresse des TPME en difficulté. Des mesures fiscales transitoires ont été adoptées. Il s’est également penché sur les couches les plus vulnérables de la société marocaine, en l’occurrence les ménages opérant dans le secteur informel.
Selon la Banque mondiale, les pays en développement sont pour l’instant moins touchés par les conséquences du coronavirus que les économies développées. Ils disposent donc encore d’une certaine marge de manœuvre pour préparer leurs systèmes économiques nationaux et anticiper une riposte efficace pour contrôler et réduire la propagation de la maladie. Dans ce contexte, les systèmes nationaux de gestion des finances publiques doivent être flexibles et réactifs, tout en garantissant l’utilisation optimale des ressources et en minimisant les risques de fraude et de corruption. Dans ce cadre, le Maroc a mis en place le fonds spécial dédié à la gestion de la pandémie de coronavirus, qui a collecté près de 40 MMDH. Il est réservé à la prise en charge des dépenses de mise à niveau du dispositif médical et au soutien de l’économie nationale.
Dans ce sens, la Banque mondiale recommande aux pays qui font face à la crise du coronavirus d’assurer une gestion efficace de la trésorerie et d’optimiser la gestion des paiements. La situation d’urgence entraînera probablement des problèmes de liquidité. D’où la nécessité d’assurer une utilisation optimale des fonds de roulement et des lignes de crédit. Il faut aussi procéder à des audits internes pour suppléer certains contrôles préalables. En effet, les pouvoirs publics pourraient recourir à des audits internes pour mettre en place des contrôles a posteriori qui viendraient compenser les éventuels aménagements apportés aux exigences de vérification préalable.
La fonction d’audit interne peut temporairement réduire sa mission de surveillance des systèmes pour se consacrer à la vérification a posteriori de transactions, dans un délai réduit. L’audit des transactions effectuées en situation d’urgence apportera une meilleure garantie de l’efficacité des dépenses de l’Etat et permettra de mettre en évidence les actions nécessaires pour renforcer les systèmes à l’avenir. Toutefois, et jusqu’à présent, les modalités d’audit et d’évaluation du fonds spécial coronavirus n’ont pas encore été annoncées.
Il semble alors que l’épidémie du covid-19 constitue un test de résistance pour le système marocain de gestion des finances publiques. Il faudra en tirer des leçons pour se préparer aux prochaines situations d’urgence, surtout que les anciennes réformes structurelles prises par le gouvernement conduit par le PJD, se sont révélées mal avisées.