Distribution de masques, vols retardés pour cause de faible visibilité, événements en extérieur annulés… Le nord-est des Etats-Unis respire de nouveau jeudi un air très fortement pollué par la fumée d’incendies en cours au Canada, suscitant des inquiétudes pour la santé de dizaines de millions d’Américains.
Cet épisode de pollution atmosphérique, très rare, s’étend de l’Illinois au nord, à la Caroline du Sud. Il provoque notamment des inquiétudes pour la santé des personnes fragiles, comme les enfants, les personnes âgées, ou celles ayant des problèmes cardiaques ou respiratoires.
Le patron de l’ONU ainsi que des organisations environnementales ont souligné le besoin de combattre le changement climatique, qui exacerbe le risque d’incendies. Des feux importants sont survenus particulièrement tôt cette année au Québec, et leur fumée est poussée directement vers le sud en raison des conditions météo.
« Je n’ai jamais vu quelque chose comme ça », a dit à New York Linda Juliano, 65 ans, en acceptant l’un des un million de masques distribués aux habitants jeudi. « C’est plus difficile de respirer, parce que je fais de l’asthme », s’est-elle lamentée, jugeant la situation « angoissante ».
« Cela m’a beaucoup fait penser au 11-Septembre, de voir le ciel rempli de fumée », a-t-elle confié à l’AFP.
D’impressionnantes images de New York, plongée dans une lumière orange, font la Une de tous les journaux américains, même si le ciel y était plus clair jeudi matin.
Les zoos du Bronx et de Central Park ont été fermés, tout comme celui de Washington, où un match de baseball professionnel a été annulé jeudi.
Alerte « violette »
Dans la capitale du pays, la situation est pire encore que la veille, l’alerte à la qualité de l’air étant passée de « rouge » à « violette ». Ce niveau de pollution est qualifié de « très nocif pour la santé ».
Pour la deuxième journée consécutive, les enfants des écoles publiques de Washington ne pourront pas passer leurs récréations dehors, et les cours de sport en extérieur ont été annulés.
Les vols des aéroports de New York (LaGuardia, Newark) ou encore de Philadelphie subissent des retards, liés à la faible visibilité, a averti l’Agence américaine de l’aviation civile (FAA).
Le réchauffement climatique exacerbe le risque d’incendie et leur intensité. L’augmentation de la température, la multiplication des canicules et la baisse des précipitations par endroit représentent une combinaison idéale pour leur développement.
« La crise climatique est là, ici et maintenant, et provoque une pollution atmosphérique dangereuse, menaçant la santé de millions d’Américains », a déclaré dans un communiqué May Boeve, de l’organisation 350.org.
Chuck Schumer, chef de la majorité démocrate au Sénat, a souligné que New York avait mercredi « la pire qualité de l’air de toutes les grandes villes dans le monde ». S’y promener était comme « marcher sur une autre planète », a-t-il dit jeudi.
« Le changement climatique rend ces désastres bien plus fréquents, et plus destructeurs », a-t-il ajouté, en soulignant que les températures avaient « atteint des niveaux record en mai au Canada. »
Saison des feux historique
Avec près de 800.000 hectares touchés par les incendies, selon les autorités, le Québec vit une saison historique. Deux fois plus de départs de feux ont été recensés depuis janvier par rapport à la moyenne à cette époque sur les 10 dix dernières années.
Jeudi, la province francophone recense toujours plus de 150 feux actifs dont près de 90 hors de contrôle. De nouveaux renforts – américains, français, portugais… – sont attendus dans les heures et les jours qui viennent. Plus de 12.000 personnes ont été évacuées.
La situation demeure préoccupante dans plusieurs régions, selon Stéphane Caron, de la Société de protection des forêts contre le feu: « On est seulement au tout début de cette saison de feux. On entre, en ce moment, dans la période où habituellement, il commence à y avoir des feux de plus grande importance au Québec ».
Les risques de nouveau départ de feux sont toujours importants. Dans la partie ouest du Québec, ils sont considérés comme « extrêmes » par les autorités québécoises. Ces brasiers sont de forte intensité et à propagation rapide, et donc très complexes à arrêter pour les pompiers, expliquent les autorités.
La qualité de l’air est également très mauvaise à Toronto jeudi, Environnement Canada prévoyant qu’elle atteindra un niveau de risque élevé pour la population.