Salé est aujourd’hui la seule ville marocaine à avoir conservé la procession de cierges coloriés. Cet événement s’inscrit dans le cadre festivités organisées à l’occasion de la célébration de la naissance du Prophète Mohammed (al-mawlid al-nabawî). Il se déroule à la fois à l’intérieur et aux alentours de la ville sise sur la rive droite de l’embouchure du Bouregreg.
À l’évocation de ce moussem -traduit littéralement par : « saison » et par extension, festival- à Salé, hommes, femmes, enfants, vieux ou jeunes, forment une foule en liesse dans une atmosphère surchauffée. Phénomène religieux qui remonte au XVIᵉ siècle, la procession des cierges à Salé se fait la veille de la fête d’al-mawlid et manifeste une pratique collective d’un événement à la charnière du sacré et du profane, du temporel et du spirituel, du traditionnel et du religieux. Cette tradition ravive et consolide les sentiments collectifs et fournit à la population locale les moyens de se sentir et de se vivre comme communauté.
La procession de cierges obéit toujours à une logique rituelle, ainsi qu’à des règles de conduite codées et symboliques. Elle donne aux liens les plus prosaïques et aux convenances les plus communes un cachet sacré, parce que cet événement les charge de sens. Elle se veut avant tout une célébration se déployant selon une esthétique précise. Cette année, une délégation palestinienne a pris part à ce rite qui est aujourd’hui la conjugaison de culte, de mysticisme et de célébrations orientées vers le divin.
Cet événement est décrit comme survivance d’une lointaine coutume observée par des juifs. C’est alors un immense caravansérail de couleurs, de bruits, de prières, de litanies, de couleurs, de banderoles. Une foule bigarrée qui s’agglutine, qui regarde, qui contemple, qui écoute. La procession de cierges est une forme de piété qui a profondément marqué la ville de Salé, axée sur la personne du prophète Mohammed . À l’origine de cette manifestation deux personnages célèbres par leur savoir et leur profonde vertu : Abou Mohammad as Sâlih qui envoyait des Marocains visiter les lieux saints de l’islam et Abou al ‘Abbâs al ‘Azafi, qui appelait à célébrer la nativité du prophète de l’islam.
La célébration de la naissance du prophète (al-mawlid al-nabawî) est apparue pour la première fois au XIIIème siècle. Fête non canonique, le mawlid est accepté comme une bonne coutume (sunna). Jour férié au Maroc, le mawlid est aussi la fête des lumières, celles des bougies et des guirlandes qui agrémentent maisons et mosquées ; elles renvoient à la croyance principale qui orne les récits de la naissance du prophète Mohammed en prose ou en rimes déclamés à cette occasion : celui de la préexistence d’une lumière prophétique à partir de laquelle le monde a été créé. Cet événement est marqué par des démonstrations ostentatoires de la piété populaire : veillées religieuses, visites aux tombes et aux sanctuaires où sont enterrés les saints, festivités, distributions d’aumônes.