La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné mardi 31 août la Russie pour «absence d’enquête appropriée» sur l’assassinat de Natalia Estemirova, une militante qui avait dénoncé des crimes qui auraient été commis par des membres des forces de l’ordre en Tchétchénie.
La jeune femme, également contributrice au journal Novaïa Gazeta, avait été enlevée puis retrouvée abattue d’une balle dans la tête et d’une autre dans la poitrine, le 15 juillet 2009. À ce jour personne n’a été jugé pour l’assassinat de Natalia Estemirova. Le principal suspect selon les autorités russes, l’activiste tchétchène Alkhazur Bashaev, n’a jamais pu être arrêté.
La CEDH, saisie par la sœur de la victime, estime que les autorités russes «ont ouvert l’enquête rapidement et ont procédé aux actes d’investigation dans les jours qui ont suivi le crime». «Un suspect a été identifié et inculpé», note également la Cour. Cependant, les magistrats européens indiquent que «certaines contradictions dans les témoignages d’experts n’ont pas été résolues», et soulignent que «les enquêteurs n’ont pas expliqué pourquoi aucune trace de l’ADN de la personne accusée du meurtre (ou) de personnes appartenant à son groupe armé illégal n’a été retrouvée». Ils révèlent également que le gouvernement russe «n’a pas fourni la plupart des pièces du dossier».
La CEDH a donc condamné la Russie pour «absence d’enquête appropriée» et pour violation de son «obligation à fournir les facilités nécessaires à l’examen d’une affaire». Elle a imposé le versement de 20 000 euros à la sœur de la victime pour «dommage moral».
Parallèlement, la Cour a également estimé que les éléments de preuve qui lui ont été apportés par la sœur de la victime ne permettaient pas de conclure à l’implication de l’État russe dans l’assassinat.