Le Front de sauvegarde de la Société anonyme marocaine et italienne de raffinage (Samir) a critiqué, dans un communiqué et avec fermeté, les rapports du Conseil de la concurrence, les qualifiant de «répétitifs et sans valeur ajoutée.»
Selon le comité qui se bat pour ressusciter l’unique raffinerie pétrolière du Maroc, criblée de dettes abyssales, ce constat reflète l’échec de l’institution à réguler un marché des hydrocarbures libéralisé «de manière chaotique et sans mécanismes garantissant une concurrence loyale.» Dans un contexte marqué par des bouleversements énergétiques mondiaux, il a appelé à une réforme profonde et à une stratégie réaliste pour garantir la souveraineté énergétique du Maroc. Le Front a insisté sur l’importance d’un mix énergétique équilibré, s’appuyant principalement sur les énergies fossiles – pétrole et gaz naturel – tout en développant les énergies renouvelables, le nucléaire et les technologies émergentes.
Le comité a souligné que les hydrocarbures continueront d’occuper une place prépondérante dans le mix énergétique international pour les décennies à venir. Il a plaidé, ainsi, pour relancer le raffinage pétrolier via la réhabilitation de la raffinerie de Mohammedia, connecter cette infrastructure aux réseaux de gaz naturel, développer des industries pétrochimiques ainsi que la constitution de réserves stratégiques suffisantes en produits pétroliers et en gaz. Il a également exhorté le gouvernement de Aziz Akhannouch à intervenir pour relancer l’activité de la société Samir en envisageant toutes les options, y compris une reprise par l’État et une compensation des dettes. Selon lui, cette démarche est essentielle pour mettre fin à l’érosion continue des actifs matériels et humains de l’entreprise.
Le Front a vivement dénoncé les «bénéfices exorbitants» générés par les opérateurs pétroliers depuis la libéralisation du marché en 2016, estimés à plus de 75 milliards de dirhams. Il a réclamé un renforcement des sanctions contre les abus et un retrait immédiat des carburants de la liste des produits à prix libéralisés. Il a également pointé du doigt les conséquences néfastes de la suppression des subventions sur les carburants et l’annonce d’une prochaine libéralisation du gaz butane, qu’il juge inadaptée à la préservation du pouvoir d’achat des ménages.
Estimant que le dossier Samir ne se limite pas à une simple faillite d’entreprise mais touche aux intérêts stratégiques de l’économie nationale, le comité a réclamé une enquête approfondie pour déterminer les responsabilités ayant conduit à la liquidation judiciaire de la raffinerie. Enfin, il a annoncé l’organisation, en avril 2025 d’un colloque en partenariat avec la Confédération démocratique du travail (CDT) au sein de la Chambre des conseillers, pour débattre des enjeux et des défis liés à la souveraineté énergétique marocaine.