Le ministre de l’Économie et des Finances, Mohamed Benchaâboun, a choisi de renoncer à la disposition relative au gel des engagements de dépenses publiques, issue du projet de décret-loi n° 2.20.320.
Alors que le ministre de l’Économie et des Finances, Mohamed Benchaâboun, devait passer en urgence le projet de décret-loi n°2.20.320 relatif au dépassement des seuils de financement extérieur et de la suspension des dépenses publiques, il a choisi de se rétracter.
Sans surprise, le gel de la commande publique a suscité une grande inquiétude auprès des lobbies économiques les plus puissants. Ce qui les a poussés à interpeller le ministre de l’Economie et des Finances qui a fait marche arrière à la dernière minute. Résultat : une nouvelle mouture du décret n°2.20.320 a été présentée. Celle-ci consiste uniquement à autoriser le gouvernement à dépasser le plafond des emprunts extérieurs prévu dans la loi de Finances 2020, fixé à 31 MMDH.
Selon Najib Akesbi, économiste et professeur chercheur, « l’Exécutif est dans la bricole et l’improvisation ». La décision relative au gel des engagements de dépenses publiques émane de réactions irréfléchies. Le ministre a choisi de se rétracter à la fois pour des raisons objectives et subjectives.
« Si l’Etat arrête les investissements, il va participer à l’accentuation de la crise au lieu de l’atténuer. L’investissement public constitue l’aliment essentiel de plusieurs opérateurs économiques. L’arrêt de ces investissements va renforcer davantage la crise économique puisque l’Etat est le vrai moteur et catalyseur d’investissements. Ce n’est pas le secteur privé qui booste les investissements. Arrêter les dépenses d’investissements signifie, ipso facto, se faire hara-kiri », explique-t-il. En outre, la suppression du gel des engagements de dépenses publiques rassure les lobbies économiques et les entreprises qui travaillent étroitement avec l’Etat. « En vrai, ce sont les lobbies économiques qui se sont mobilisés pour pousser Benchaâboun à faire marche arrière », conclut-il.
A noter que l’investissement public revêt une importance substantielle dans le développement socioéconomique du pays. L’effort d’investissement public a été considérablement renforcé et a connu une forte accélération ces dix dernières années. A ce titre, le volume de l’investissement public a progressé de 90,6 MMDH en 2007 à 195 MMDH en 2019 enregistrant ainsi une hausse de plus de 115%. Au titre de l’année 2020, l’investissement public devra atteindre 198 MMDH répartis sur les entreprises et établissements publics (101,2 MMDH), le budget de l’Etat (77,3 MMDH) et les collectivités territoriales (19,5 MMDH), comme le souligne la note sur la répartition régionale de l’investissement qui accompagnait le PLF 2020.