L’ancien commandant et membre fondateur du FFS, Lakhdar Bouregaâ, a été placé début juillet en détention pour notamment «outrage à corps constitués». Sa fille appelle à le libérer.
Opéré d’une hernie ombilicale il y a quelques jours, la fille Lakhdar Bouregaâ a lancé un message de détresse via sa page sur le réseau social Facebook pour réclamer la libération de son père à la santé chancelante. «Arrivée à l’hôpital afin d’avoir des nouvelles de mon père, je n’ai pas été autorisée à lui rendre visite et ce n’est que pur hasard si je l’ai aperçu au détour d’un couloir sur un fauteuil roulant», a-t-elle écrit. Bouregaâ, octogénaire, a été placé sous mandat de dépôt après avoir été entendu par un juge d’instruction. Il est poursuivi pour «outrage à corps constitué et atteinte au moral de l’armée» et encourt jusqu’à 10 ans de réclusion criminelle, selon le code pénal.
À la réalité politique s’ajoute l’autorité morale dont jouit cet ancien lieutenant militaire et commandant de l’Armée de libération nationale (ALN) lors de la guerre pour l’indépendance. Il a pris part à toutes les manifestations qui ont secoué la rue algérienne depuis la démission le 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika.
L’interpellation de Bouregaâ, qui a tenu des propos acerbes contre les dirigeants actuels du pays, a suscité plusieurs commentaires indignés, notamment sur les réseaux sociaux. L’arrestation de Bouregaâ dont un tribunal algérien a rejeté début août une demande de remise en liberté pour raisons de santé, constitue un grave dérapage destiné à « intimider les opposants du régime », avaient déclaré le texte d’une pétition pour sa libération, diffusé sur les réseaux sociaux. Le vétéran aurait accusé le chef d’état-major de l’armée Ahmed Gaïd Salah de vouloir imposer son autorité et proposer son propre candidat pour la future échéance présidentielle, programmée en décembre.
Le général Gaïd Salah est critiqué pour sa mainmise sur les leviers du pays, et d’être à la tête d’une élite considérée comme obsolète et archaïque. Le mouvement contestataire en Algérie a révélé un maillage populaire puissant et une organisation de la société civile qui ont échappé à la prise en charge du régime et aux partis politiques. Le régime est accusée de maintenir un système en fin de cycle où corruption et autoritarisme se côtoient et se mêlent. Les partis politiques, même ceux à ancrage historique, ont été également désavoués pour avoir cautionné, malgré tout, un pouvoir central jugé anti-démocratique et anti-réformes.