Le président israélien et son homologue turc ont salué à Ankara un tournant dans les relations entre leurs deux Etats, une annonce qui a provoqué une onde de choc parmi la coterie algérienne pro-Erdoğan.
Le président turc a vivement salué la visite de son homologue Isaac Herzog – premier chef d’Etat israélien à se rendre en Turquie depuis 2007 – se félicitant également d’un moment très important pour les deux pays. Accueilli avec les honneurs au palais présidentiel d’Ankara, M. Herzog a été emmené par ses hôtes au mausolée du fondateur de la République turque, Mustafa Kemal Atatürk. Des événements qui ont pris de court la caste pro-Erdoğan, essentiellement le speaker palestinien Jamal Rayyan et les Algériens Khadija Ben Guenna et Hafid Derradji, sans oublier les dirigeants algériens, le général Saïd Chengriha et le «président» Abdelmajid Tebboune en tête.
Ceux qui n’avaient pas de mots pour vilipender le royaume du Maroc lorsqu’il a normalisé ses relations avec l’Etat hébreu ont avalé leur langue, certains ayant considéré la visite d’Herzog comme un « mal nécessaire », d’autres, comme le clown Hafid Derradji, estimant que la Turquie n’étant pas un pas arabe, il n’y a donc pas de commentaire à faire. Motus et bouche cousue du côté du palais Al Mouradia. Abdelmadjid Tebboune, si prolixe en insultes à l’endroit du Maroc et qui s’est érigé en défenseur attitré de la cause palestinienne, n’a pas pipé mot concernant l’accueil triomphal réservé à Herzog par son homologue turc. Le soi-disant soutien algérien aux palestiniens est en fait à géométrie variable. Il obéi, ni plus ni moins, aux seuls intérêts de l’Algérie et n’a rien de principiel.
Pourtant, le président Erdogan, dont le pays est membre de l’Otan, a insisté sur la centralité qu’il attache à la coopération en matière de sécurité et de sécurité énergétique avec Israël, alors que la Turquie traverse une grave crise économique. La question est d’autant plus brûlante dans le contexte du conflit entre la Russie et l’Ukraine, alors que l’Algérie et la Turquie cherchent à observer une position honorable qui ne lèse pas leurs intérêts, noués avec l’allié russe.
Aussi, les positions hypocrites des journaleux d’Al Jazeera, hostiles à la normalisation arabe avec Israël, omet-elle certaines réalités. Tel-Aviv a conclu en 2020 un accord avec Chypre et la Grèce portant sur la construction d’un gazoduc devant acheminer du gaz vers l’Europe, un projet qui a suscité l’opposition d’une Turquie en difficulté économique et politique.
Le chef de l’Etat turc, qui s’est fait ces dernières années, du moins en apparence, l’ardent défenseur de la cause palestinienne, a également réitéré «l’attachement de la Turquie à une solution à deux Etats, au statut de Jérusalem et à l’amélioration du sort des Palestiniens, sur le plan politique et social ». C’est exactement la même position du Maroc, pourtant cible privilégiée desdits journalistes. Rabat a appelé récemment à préserver l’identité arabe et islamique de Jérusalem ainsi que «son statut juridique, historique et démographique». Le roi Mohammed VI est président du comité Al-Qods, chargé de contribuer à la sauvegarde des lieux saints musulmans à Jérusalem. Les instances de la ligue arabe viennent de lui rendre un vibrant hommage pour son rôle dans la défense de la cause palestinienne. Au grand dam du palais Mouradia et de ses excroissances à Al Jazeera.
Même le Hamas (Mouvement de résistance islamique palestinien), pourtant proche d’Ankara, s’est exprimé en affirmant suivre avec une grande inquiétude ce rapprochement et cette visite effectuée.