Le porte-conteneurs «Ever Given» s’était retrouvé en travers du canal reliant la mer Rouge à la Méditerranée, bloquant toute circulation.
Près de 19 000 navires ont emprunté le canal de Suez en 2020 et il concentrerait, selon les experts, 10 % du commerce maritime international. C’est dire si le blocage – ne serait-ce que quelques heures – de ce colosse de 152 ans peut avoir de grandes conséquences. C’est ce qui s’est passé, mercredi 24 mars, lorsqu’un porte-conteneurs de plus de 219 000 tonnes s’est échoué dans le canal, bloqué entre les deux berges.
Des opérations de déblocage ont immédiatement été menées et sont toujours en cours en milieu de matinée. Le tronçon historique a ainsi pu être totalement rouvert, dans la matinée, dans les deux sens. Depuis l’incident, des dizaines de navires étaient en attente de pouvoir passer. Trente étaient immobilisés à l’entrée nord du canal et trois autres à l’entrée sud, selon des sources maritimes.
L’amiral Ossama Rabie, président de l’Autorité égyptienne du canal de Suez (SCA), a précisé dans un communiqué que les «unités de sauvetage et remorqueurs de l’Autorité poursuivaient leurs efforts» pour débloquer l’Ever Given. Le cargo de près de 219 000 tonnes et 400 mètres de long, battant pavillon panaméen, se rendait à Rotterdam en provenance d’Asie quand il a été déporté par une rafale de vent à l’entrée sud du canal à Suez, selon le site Vesselfinder.
Selon la SCA, l’incident serait effectivement dû à un vent de sable, phénomène courant en Egypte en cette période de l’année, qui aurait créé un problème de visibilité. L’échouement «est dû principalement au manque de visibilité en raison des conditions météorologiques, alors que les vents ont atteint 40 nœuds (74 km/h), ce qui a affecté le contrôle du navire qui s’est échoué», a précisé la SCA.
Environ 10 % du commerce maritime international
Ce canal est une source essentielle de revenus pour l’Egypte, à laquelle il a rapporté 5,61 milliards de dollars (4,74 milliards d’euros) en 2020. Le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, avait annoncé en 2015 un projet de développement du canal visant à réduire les temps d’attente et à doubler le nombre des navires l’utilisant d’ici à 2023. Déjà, le nouveau tronçon creusé en 2014 et 2015 a facilité le croisement des convois et diminué le temps de transit des navires. Les autorités annoncent régulièrement de nouveaux records de tonnage. En août 2019, 6,1 millions de tonnes y ont transité en une journée.
Conçu à l’initiative de Ferdinand de Lesseps, entrepreneur et diplomate français, le projet colossal visant à relier les mers Rouge et Méditerranée a nécessité dix ans de travaux (1859-1869).
Trait d’union maritime entre l’Europe et l’Asie, cette voie a permis de ne plus avoir à contourner un autre continent, l’Afrique, via le redoutable cap de Bonne-Espérance. Mais elle a aussi connu plusieurs guerres et des années d’inactivité. Cette histoire a été marquée tout particulièrement par l’année charnière 1956 : le 26 juillet, Gamal Abdel Nasser, tout juste élu président, a nationalisé le canal de Suez.