L’Agence pour l’Enseignement du Français à l’Étranger (AEFE) est empêtrée dans une affaire de détournement de fonds publics, d’abus de confiance et d’escroquerie. Cette fois, c’est le lycée français de Caracas au Venezuela qui est au coeur du scandale, rapporte Atlantico. Quid du Maroc ?
Au Pérou, au Panama comme à Madagascar, des parents d’élèves dénoncent de possibles surfacturations liées à des travaux réalisés au sein des lycées, rapporte Atlantico. Mais au Venezuela, une manifestation de parents d’élèves du lycée français de Caracas s’est muée en une plainte déposée devant le Procureur de Paris, le 18 avril 2019 par l’avocat Mathieu Croizet au nom de Pierre Mazzoni, ex-conseiller culturel de l’ambassade de France à Caracas. La plainte dénonce des délits potentiels de « détournement de fonds publics », « abus de confiance » et « escroquerie ».
L’auteur de l’article rappelle les faits. « Un regroupement de parents d’élèves mécontents proteste devant le lycée français de la capitale vénézuélienne, un an plus tôt. Ce jour de juin 2018, Pierre Mazzoni et l’ambassadeur de France Romain Nadal se rendent en urgence au lycée, et se retrouvent face aux protestataires : des parents qui ne veulent pas payer la surcharge annuelle de 2.900 € par élève que l’établissement veut leur imposer ». Lorsque Pierre Mazzoni, le conseiller culturel – parfaitement noté par sa hiérarchie – se renseigne alors sur la situation, il découvre avec stupéfaction la disparition de la dotation des bourses de scolarité des trois dernières années attribuées au lycée par l’AEFE. Soit une lacune de 7,5 millions d’euros. Pierre Mazzoni alerte son ambassadeur et demande des comptes à la direction du lycée, mais il est rappelé à Paris et mis à la retraite sans avertissement préalable, relate l’article.
Philippe Lhote, professeur en poste au lycée français de Tamatave de Madagascar, a affirmé à Atlantico que « cela fait vingt-cinq ans que je suis dans le réseau de l’AEFE, et vingt-cinq ans que je constate des surfacturations ». Selon ce professeur, l’argent est souvent dilapidé sans réactions des parents d’élèves, qui pourtant financent l’AEFE. Même les professeurs ont du mal à dénoncer ces anomalies constatées dans la gestion, et pour cause : vexations, menaces, changement d’affectation, snt le lot des professeurs qui osent parler. « Des préoccupations qui résonnent aussi en Chine, au Liban, en Grèce ou au Maroc. Avec souvent des investissements contestés (dont un projet de complexe sportif à 5 M€ à Casablanca) à mettre en relation avec l’augmentation moyenne de 60% des frais de scolarité pour les parents d’élèves du réseau de l’AEFE au cours des dix dernières années », écrit Atlantico.
Ce genre de dérive met en péril tout le système de l’école française. Selon Mohammed Roudiès, président du Collectif Autonome des Parents d’Élèves (CAPE) des écoles françaises au Maroc, relayé par Atlantico, « c’est pour le moins une légèreté dans la prise de décision qui met en péril un modèle exemplaire de multi-culturalité que les familles ont perpétué depuis des décennies ». La sélection au chéquier ne fait rien pour aider l’enseignement de la francophonie, qui régresse chaque année en Afrique.
L’enquête concernant les anomalies constatées dans les finances de l’AEFE n’est pas encore arrivée à son issue. Deux rapports de la Cour des Comptes et de la Commission des Finances françaises ont déjà épinglé l’AEFE pour son manque de clarté.