L’affaire du journaliste Omar Radi, suspecté de bénéficier de «financements de l’étranger» en lien avec des services de renseignement» a produit à la surface une mêlée d’antagonismes et de passions mesquines, une multitude de petites luttes dont la plus curieuse est sans doute celle qui vise à s’emparer de son dossier. Un billet de Médiapart revient sur cet épisode.
L’affaire du journaliste Omar Radi, placé en détention, le 29 juillet, pour «viol» et «réception de fonds étrangers en vue de porter atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat» fait objet d’une sombre machination menée par son entourage. Manifestes, pétitions, articles sur commande, celui qui fait également l’objet d’une deuxième enquête «au sujet de la réception de fonds de parties étrangères en vue de porter atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat» et «de mener des contacts avec des agents de pays étrangers pour nuire à la situation diplomatique du Maroc», selon le parquet de Casablanca voit son dossier confisqué par des personnes se réservant la liberté de l’agitation pour réaliser leurs propres buts.
Dans un article intitulé «Qui veut manipuler les Marocains de France ?» publié dans le blog de Médiapart, Mélanie Chavron revient sur la tribune intitulée «Halte à l’acharnement contre Omar Radi et la répression de la parole publique au Maroc». D’emblée, elle cerne le sujet : «Comment on peut faire d’une affaire banale de viol une affaire internationale de droits de l’homme et de droit d’expression? Il faut être journaliste. Omar Radi, journaliste marocain est accusé de viol par une confrère. À peine la justice marocaine en possession de l’affaire, quelques amis du journaliste ont accusé l’Etat marocain de vouloir taire un “opposant”».
Omar Radi, mis en cause également pour «ivresse publique et violences» est au cœur d’une double affaire d’espionnage. Ses soutiens, depuis son arrestation, s’agitent dans tous les sens, vident les boîtes à secrets, font répandre les commérages, les petits papiers, les pétitions bidonnés, les confidences équivoques. Les instincts radicaux tentent de pallier la réalité de ses méfaits, sur lesquels enquête la justice, par des explications plus ou moins spécieuses pour sauver leur soldat. C’est une secte implacable, procédant tantôt par les mots d’ordre ténébreux, tantôt par les exigences furieuses dans les manifestes qu’elle produits.
Mme Chavron souligne que le texte destiné à défendre Omar Radi a été «présenté comme étant le fait de tous les Marocains vivant en France pour dénoncer les «ripostes policières répressives et violentes» à l’encontre des journalistes et des militants de droits de l’Homme que le Maroc chercherait avec “acharnement” à “neutraliser” à coups “d’accusations fallacieuses”, de “harcèlement” et “d’intimidation”».
Mme Chavron indique que «130 associations de Marocaines et Marocains résidant en France ont vite riposté en mettant en garde contre son instrumentalisation par les signataires de la tribune» qu’elles ont condamné “les supercheries” des auteurs de la tribune considérée comme une manœuvre destinée à “induire en erreur l’opinion publique sur la représentativité de la liste des signataires de ce texte dans laquelle les personnes, qui peuvent se réclamer du Maroc, sont minoritaires”».
Le dossier de Omar Radi ne serait qu’un repaire de malhonnêtes, intrigantes subalternes, d’agitateurs véreux ou vulgaires ? Mme Chavron constate «la présence importante d’organisations tunisiennes ou dirigées par des Tunisiens dans la liste des signataires de cette tribune» précisant que les associations considèrent que «cette ingérence manifeste dans les affaires intérieures du Maroc qui intéressent uniquement les Marocains et eux seuls, est une ligne de conduite qui questionne sur les objectifs que se sont assignées ainsi ces organisations tunisiennes».
Mais il y a plus surprenant encore, dit-elle. «Des membres du mouvement séparatiste Polisario sont eux aussi parmi les signataires. A ce niveau l’affaire prend une autre tournure et laisse deviner qui est à derrière cette tribune». «Le Polisario essaie-t-il de détourner l’attention sur ses démêlées avec la justice espagnole et les instances de l’UE?» se demande-t-elle.
C’est à chaque instant, par leurs approximations, par l’excès de leurs polémiques, par leurs mensonges, par le scandale de leurs accusations infondées et de leurs flétrissantes divulgations, que les soutiens de Omar Radi compromettent son affaire. Tout cela ne laisse pas d’être un problème assez compliqué pour le journaliste accusé d’espionnage. Que ses soutiens se soient succédé et qu’on s’est engagé dans une voie où il a fallu aller de subterfuge en subterfuge, pour le défendre, faute de pouvoir ou d’oser avouer la réalité, s’avancer par des chemins couverts, s’épuiser en réticences, en expédients, et en actes mal définis pour le réhabiliter est une entreprise suspecte.
Ce n’est donc que trop évident. L’affaire Omar Radi n’a été qu’un prélude, un premier symptôme. Tout démontre l’existence d’une nébuleuse qui prend pour prétexte l’intérêt de la société civile pour répandre, non des revendications, des idées ou des apparences d’idées, mais un programme pour ternir l’image du Maroc. Il se trouve des énergumènes prêchant ouvertement de s’en prendre à la victime de Omar Radi, et de tout faire pour le présenter comme un opposant. Ces étranges propagandes, trouvent dans les masses obscures du numérique quelques adhérents.