L’Afrique pourrait voir se détruire entre 25 et 30 millions d’emplois cette année en fonction du niveau de contraction économique due aux effets de la pandémie COVID-19, selon un rapport publié par la Banque africaine de développement (BAD).
Le rapport, intitulé African Economic Outlook (AEO) 2020 Supplement, a affirmé qu’une contraction potentielle de 1,7% entraînerait une baisse de 24,6 millions d’emplois en 2020 tandis qu’une contraction de 3,4%, le « pire scénario », verrait jusqu’à 30 millions d’emplois perdus.
« Le poids sera surtout ressenti par les travailleurs pauvres, qui représentent près de la moitié des salariés », indique le rapport.
Malgré la pandémie qui n’a pas encore atteint son apogée en Afrique, plusieurs gouvernements, notamment l’Afrique du Sud, ont mis en place des mesures strictes pour contenir très tôt la propagation du virus. Cependant, les mêmes gouvernements ont par la suite subi de fortes pressions publiques pour assouplir les mêmes mesures en raison des difficultés économiques résultant de leur mise en œuvre.
L’Algérie, l’Égypte, le Ghana, le Kenya, le Sénégal et l’Afrique du Sud ne sont que quelques-uns des pays qui ont institué une réouverture progressive de leurs économies pour permettre aux citoyens d’essayer de joindre les deux bouts et de conjurer la perspective de dommages à long-terme pour leurs économies.
Cependant, le rapport a poursuivi en disant que les effets des perturbations économiques seraient ressentis au-delà des cercles des travailleurs pauvres et se feront probablement sentir plus longtemps que prévu.
«Et la crise affecterait également la nature des emplois survivants, car les salaires et les heures de travail pour ceux du secteur formel pourraient être revus à la baisse, et le nombre de travailleurs passant à des emplois du secteur informel pourrait augmenter en tant que stratégie de survie pour maintenir les revenus en face des blocages et des restrictions », a-t-il ajouté.
La pandémie de COVID-19 a touché plusieurs secteurs économiques du continent depuis son apparition. Le commerce et les chaînes d’approvisionnement ont été perturbés tandis que certains secteurs, tels que l’aviation et l’hôtellerie, ont été durement touchés, entraînant des pertes massives d’emplois et de revenus.
Le rapport a également souligné qu’il y avait une variation significative de l’impact de la pandémie et des perspectives de reprise dans les différentes régions et économies. Il a déclaré que l’Afrique de l’Est pourrait être celle qui se rétablirait rapidement, tandis que l’Afrique australe pourrait être la région la plus touchée cette année.
Étroitement lié aux pertes d’emplois, le rapport avertit en outre que des millions d’Africains pourraient être entraînés dans la pauvreté cette année si les mauvaises conditions économiques persistent. Il a désigné le Nigéria, le pays le plus peuplé d’Afrique et la plus grande économie, ainsi que la République démocratique du Congo, riche en minéraux, comme pays susceptibles d’enregistrer les pires chiffres.
«Le Nigeria et la RDC, deux des pays les plus peuplés d’Afrique, pourraient enregistrer les plus fortes augmentations du nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté – 8,5 et 2,7 millions respectivement dans le scénario de référence en 2020, et 11,5 et 3,4 millions dans le pire des cas. »






