Désormais, plusieurs pages et publications ont pris l’habitude de justifier les actions de Taoufik Bouachrine, directeur de publication du journal Akhbar al-Yaoum, accusé de traite d’êtres humains, de viol et tentative de viol, et se disent prêts à prendre sa défense alors que le tribunal ne s’est pas encore prononcé sur l’affaire. Cependant, il semble très surprenant que cette attitude soit adoptée par les médias français, réputés pour leur engagement et leur lutte contre toutes les formes d’exploitation sexuelle, et ce, en accord avec les principes et les valeurs de la Ve République.
L’affaire du journaliste marocain Taoufik Bouachrine, qui coïncide avec un autre cas similaire de l’islamologue suisse et égyptien Tariq Ramadan, poursuivi pour viol sur le territoire français, demeure, aujourd’hui, profondément préoccupante lorsque la presse française s’est alignée sur l’attitude de la « défense du loup ». Alors que la chaîne France 24, qui vit du financement du ministère français des Affaires étrangères, avait évoqué une vengeance de l’Etat marocain contre le directeur de publication et éditorialiste Bouachrine pour ses prises de position et son « édito de fer », c’est à présent au tour de l’Agence France-Presse, qui a donné feu vert à l’un de ses journalistes, probablement guidé par l’idéologie des Frères musulmans, de défendre l’accusé et de véhiculer l’image du journaliste innocent au lectorat européen, sans tenir compte de la gravité des chefs d’accusations auxquels Taoufik Bouachrine fait face.
Le journaliste a, en effet, écrit dans son article, publié par l’AFP, que la presse marocaine souffre de l’injustice que lui inflige son régime. Ce même papier a été, ensuite, transmis à plusieurs journaux français, pour promouvoir le principe de la défense d’un accusé de viol, en contradiction avec les valeurs de la République moderne. A la différence de l’affaire Ramadan, largement dénoncée par les médias français, Taoufik Bouachrine a été défendu. Ce dualisme est préjudiciable à l’agence et est inconcevable, dans toutes les normes d’éthiques et de conduites professionnelles.
La presse française s’est fourrée le nez dans l’affaire de Taoufik Bouachrine, et le fait toujours, en liant ses accusations sexuelles à ses éditos de journaliste et en ne relayant que les opinions de ses avocats. Cette situation constitue un signal d’alarme contre la France et ses enjeux moraux, liés à la protection des droits des femmes opprimées et au ciblage des institutions judiciaires au Maroc. Il s’agit, également, d’une pratique qui ouvre la porte aux médias marocains pour discuter de l’affaire de Tariq Ramadan, dans le sens où la France aurait visé l’islamologue Ramadan pour ses idées et non pour les accusations d’exploitation sexuelle.