Après avoir accentué une crise économique majeure en Algérie, la pandémie de la Covid-19 va-t-elle se transformer en crise financière ? Plusieurs voix ont tiré la sonnette d’alarme, tous les signaux sont au rouge en termes de liquidités, et l’affaiblissement du bilan des banques n’est plus un secret.
Les mesures cosmétiques mises en place par le gouvernement algérien n’ont pas anticipé la crise de trésorerie dans le pays où le système bancaire est l’un des moins développés du continent africain. En effet, l’environnement macro-économique est perturbé. L’injection de plus en plus faible des pétrodollars a d’ailleurs conduit à une baisse des liquidités présentes dans l’économie algérienne.
Conséquence, pas de crédits pour couvrir la masse salariale et les gens sont en colère. Cela s’ajoute à la détérioration des conditions de travail et d’une précarisation de l’emploi, sous de multiples formes, que les pouvoirs ne disposent pas d’instruments d’utilisation des réserves de change, ni même d’un fonds d’investissements pouvant sécuriser les programmes de développement à la traîne.
La frilosité de l’économie algérienne face à la crise financière et sanitaire a démontré le problème de sa dépendance par rapport aux revenus des hydrocarbures persiste. La crise financière a d’ailleurs rappelé que toute variation brusque des exportations de gaz et de pétrole, qui représente, selon les experts, plus de 99 % des exportations et près de 80 % des recettes budgétaires, a un énorme effet sur l’environnement macro-économique algérien. L’économie algérienne, dépendante par rapport à ses exportations d’hydrocarbures, est à la merci de toute forte baisse du pétrole et du gaz.
Alors que le pays est aux prises avec une inflation élevée, due en partie à l’impression monétaire dans le passé et à la dévaluation du dinar, la colère monte car les gens n’ont pas accès à leurs salaires.
Le sentiment d’inquiétude et de panique enflamme encore plus les manifestations en faveur de la démocratie et de la dissolution du régime, qui ont pris de l’ampleur récemment en exigeant une rupture nette et formelle avec l’élite militaire dirigeante.
Depuis la fin de l’ère du pétrole cher en 2014, le dinar algérien a fait un plongeon et s’échange désormais contre 200 dinars pour un euro sur le marché noir.
De 200 milliards de dollars de réserves de devises étrangères il y a quelques années, l’Algérie a maintenant moins de 40 milliards de dollars et devrait l’épuiser d’ici deux ans et être obligée de rechercher des prêts.
Mais avec le manque de réformes et les exportations de 95% du pétrole et du gaz, l’Algérie aura vraisemblablement accès à des prêts coûteux qui pèseront sur son budget.
Le pays a esquivé les réformes visant à diversifier son économie et a maintenu une politique de subventions généreuses, essentielle pour garantir la paix sociale.






