L’Algérie vit actuellement un « gel institutionnel, économique, social », avec une « rente pétrolière », et sous un « pouvoir militaro-sécuritaire », des expressions utilisées par l’Institut français des relations internationales (Ifri) pour décrire une Algérie ‘’en proie à l’immobilisme’’.
Dans un dossier consacré à ce pays, publié dans le dernier numéro de la revue trimestrielle, ‘’Politique étrangère’’, Mansouria Mokhefi, Conseiller Maghreb-Moyen-Orient à « Ifri », souligne que l’Algérie est devenue un pays statique par « la prudence de ses élites, et de sa population ».
Pour sa part, l’économiste Mihoub Mezouaghi, note que ce pays a raté le coche de la diversification économique, ajoutant que bien qu’une libéralisation ait été amorcée, à l’arrivée de Bouteflika, le pays n’est pas arrivé à se sortir de sa dépendance aux hydrocarbures.
L’économiste qui rappelle la manne pétrolière de 730 milliards de dollars dont a disposé l’Algérie entre 2000 et 2014, relève que la chute des cours pétroliers fait craindre « un risque systémique », d’autant plus que cette dépréciation des cours n’est pas seulement due à une baisse de la demande mondiale, mais à « la mutation du marché énergétique mondial ».
Les prix actuels qui se situent aux alentours de 45 dollars le baril, risqueraient de provoquer des ‘’tensions sociales’’ et ‘’mettrait en péril la stabilité politique’’ du pays, ajoute Mihoub Mezouaghi qui relève que même s’ils se stabilisent à 60 ou 75 dollars le baril, ils demeurent toujours très loin des 115 dollars le baril de 2011-2013.
De son côté, Jean-François Daguzan, docteur en droit et en sciences politiques, affirme que parallèlement à la chute des prix du pétrole, la situation régionale oblige l’Algérie à reconsidérer sa politique étrangère et à « redéfinir ses choix stratégiques ».
La situation actuelle au Maghreb et au Sahel a amené l’Algérie, rappelle-t-il, à prendre des décisions contraires au ‘’principe non-interventionniste’’, comme l’autorisation de traverser son espace aérien par l’aviation française lors de son intervention au Mali en 2013, les incursions terrestres de l’armée algérienne sur le sol tunisien, dans la zone frontalière du Mont Chaâmbi, ou encore les « incursions des forces spéciales algériennes en Libye après l’attaque d’In Amenas en janvier 2013 ».






