Ses dépenses sociales sont en hausse, le FMI prévoit une forte récession qui serait l’une des pires de la région. Les recettes fiscales sont en chute libre en raison de la baisse des cours du pétrole et des pénuries de toutes sortes frappent le pays et ses forêts flambent. L’Algérie brûle, littéralement.
Comme un signe : en mai, le régime algérien a suspendu plus de 230 sapeurs-pompiers ayant manifesté avec des revendications salariales et socioprofessionnelles près du siège de la présidence à Alger. Une sanction qui a aussitôt mobilisé leurs collègues, arborant des menaces de démission collective s’ils n’étaient pas réintégrés.
L’Algérie vit au rythme de plusieurs crises multidimensionnelles qui ont mis à nu, encore une fois, les limites du régime en place. Les autorités algériennes sont désarmées face à la multiplication des conflits sociaux, alimentés par un taux de chômage élevé (15 %) et une paupérisation de larges franges de la société. Cette succession de tensions, à savoir, pénurie d’eau, manque d’oxygène, accentuation du chômage, augmentation du nombre de morts, liés à la pandémie, a été couronnée par les graves incendies des forêts, qui ravagent depuis lundi soir plusieurs wilayas, particulièrement en Kabylie, ayant coûté la vie, pour l’heure, à au moins 65 personnes, dont 28 militaires.
Ainsi, en guise de solidarité avec son peuple, le président Tebboune s’est contenté de décréter un deuil national de trois jours, à compter de demain jeudi jusqu’au samedi, avec suspension de toutes activités gouvernementales à l’échelle nationale et locale, en dehors des activités de solidarité. Face à cette situation chaotique, «l’association Rassemblement actions jeunesse» (RAJ) a engagé les autorités algériennes à appeler à l’aide internationale, afin de lutter contre les feux de forêts, tout en déplorant le manque de moyens adéquats pour faire face à ce genre de catastrophe et en soulignant que la piste «criminelle» est soulevée.
Dans le même sillage, «le Front des forces socialistes» (FFS) s’est interrogé, sur le caractère sériel et simultané de ces incendies, soulignant qu’ils cachent sans doute des «intentions criminelles et suspectes», et a exigé, à cet effet, l’ouverture d’une enquête sérieuse et immédiate sur les circonstances et les raisons de ces incendies à répétition. A contrario, «le Parti des Travailleurs» (PT) a fustigé, les déclarations du Gouvernement, selon lesquelles ces incendies sont d’origines «criminelle», soulignant que personne n’a intérêt à embraser le pays au moment où il est frappé durement par l’épidémie Covid-19, qui ravage des vies humaines quotidiennement et engendre des conséquences économiques et sociales désastreuses, tout en mettant l’accent sur la mauvaise gestion des autorités de cette tragédie. Un avis appuyé par l’opposant Amir Boukhours, qui n’a pas hésité à pointer du doigt l’illégitimité du régime, lui imputant d’avoir orchestré «ce complot contre le peuple».
Sur la Toile, les internautes manifestent continuellement leur «malaise», à travers d’innombrables illustrations graphiques et infographies textuelles agressives envers le régime, tout en applaudissant parallèlement l’élan de solidarité des citoyens, «livrés à leur sort». En outre, les internautes se sont interrogés sur l’utilisation des canons à eau lors des manifestations du Hirak, tandis qu’ils sont absents pour éteindre les incendies. Ce constat a été corroboré par Mohcine Belabbas, président du «Rassemblement pour la culture et la démocratie» (RCD), qui a appelé les autorités, à déployer les camions à eau, utilisés par les forces de l’ordre pour disperser les manifestants. En sus, Belabbas, à travers un communiqué du (RCD), a également mis l’accent sur «la mauvaise gestion des crises» que traverse le pays actuellement et a affirmé que la responsabilité du pouvoir en place est largement engagée dans cette tragédie, tout en soulignant que «l’Etat doit être doté de moyens adéquats, afin d’assurer la protection des citoyens».
Mais encore, des internautes ont plaidé pour des interventions internationales, afin de venir en aide à l’Algérie, notamment via le déploiement de canadairs et des avions bombardiers d’eau amphibie, que l’Algérie ne possède pas. En ce sens, ils ont rappelé que «le roi du Maroc a proposé son aide à l’Algérie», invitant à cet effet cette dernière à mettre de côté la politique et sa fierté, en acceptant la main-tendue du souverain.
Depuis l’hexagone, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a exprimé sa solidarité avec le peuple algérien, tout en affirmant que «la France est prête à apporter son appui à l’Algérie pour faire face aux incendies survenus dans les différentes wilayas d’Algérie». Pour sa part, Benoît Payan, maire de Marseille, s’est dit «prêt à envoyer des marins-pompiers, du matériel et des moyens en guise de soutien avec les algériens, si l’Algérie adresse une demande».