L’Association Marocaine des Droits de l’Homme (AMDH) prévoit de célébrer, demain, lors d’une réception, Hajar Raïssouni et son fiancé Rifâat Al-Amine. Chique initiative certes, mais qu’une « association des droits de l’Homme » omette de son invitation qui célèbre la victoire des droits humains et des libertés individuelles, le médecin et le personnel médical également graciés et impliqués dans l’affaire, cela relève d’un prise de position.
Nous l’avions déjà écrit, l’affaire de Hajar Raïssouni est une vague sur laquelle beaucoup ont tenté de surfer pour redorer leur blason. C’est notamment un procès que beaucoup ont politisé. En ce qui concerne l’AMDH, celle-ci a été particulièrement absente du combat d’Hajar Raïssouni en premier lieu, à part quelques manifestations éparses, et un petit communiqué où elle « s’indigne » de la situation. Ainsi, cette réception qu’elle organise en l’honneur du couple précité se traduit surtout comme une politisation de l’affaire de manière mesquine et malsaine, puisqu’elle en exclut l’équipe médicale. Le médecin, l’anesthésiste, l’infirmière, la secrétaire médicale ont bien subi le même sort qu’Hajar et son fiancé ! Ils ont également été interpellés et libérés le même jour ! Ne sont-ils pas concernés par les Droits de l’Homme aux yeux de l’AMDH ? Cette association a-t-elle une perspective des droits de l’Homme à deux vitesses ?
Le médecin avait beaucoup à perdre s’il n’avait pas été gracié. Il aurait été interdit d’exercer pendant deux années, le laissant sans revenu, et aurait vu toute sa carrière détruite devant lui. Et quid des infirmière et de la secrétaire ? Nous savons tous que ce sont les petits ou moyens employés qui payent les répercussions juridiques le plus cher, elles auraient facilement frôlé le chômage à vie. Hajar, elle au moins, aurait toujours été accueillie en « militante » au sein de la rédaction de son journal, même si elle avait servi sa peine, vu que son bord a tout fait pour politiser son affaire, tout en minimisant le cas des coaccusés.
C’est une lâcheté particulière et une récupération ignoble dont a fait preuve cette association, lorsqu’elle a choisi d’ignorer l’affaire Raissouni pendant tout un mois, se contentant d’un petit communiqué dont elle aurait facilement pu s’économiser l’effort. Ce favoritisme n’a pas à avoir lieu, quand on choisit de militer pour les Droits de l’Homme, en tant qu’association, l’on milite pour tous les Hommes, et non pas pour deux personnes. Une association qui se respecte ne récupère pas les événements pour sa gloire. Des militants ou des victimes de lois qu’ « on » dénonce comme étant rétrogrades ne devraient pas non plus accepter que l’équipe qui a risqué sa liberté pour une affaire personnelle (l’avortement), soit exclue des célébrations.