L’ancien président mauritanien Mohammed Ould Abdelaziz a interdiction de quitter le pays, ont annoncé, dimanche 1erdécembre, des médias mauritaniens. Il ne peut pas faire usage de son passeport.
L’ancien président mauritanien Mohammed Ould Abdelaziz a été informé, qu’il lui a été interdit de sortir du pays et son passeport a été confisqué, ont annoncé des médias locaux. La commémoration de la 59ème année d’indépendance de la Mauritanie, le 28 novembre, a été lourdement éclipsée par les signes d’un fossé entre l’actuel président Mohamed Ould Cheikh Ghazouani et son prédécesseur Mohamed Ould Abdelaziz.
Les relations entre les deux anciens alliés se sont encore détériorées, alimentant des discours publics animés. Les discussions en Mauritanie ces derniers jours ne tournent qu’à propos d’une scission entre le nouveau président et son prédécesseur, qui a abouti à une rupture spectaculaire alors que les couleurs de la nation éclataient lors des célébrations du jour de l’indépendance à Akjoujt (260 km à l’est de Nouakchott).
Invité officiellement en tant qu’ancien chef d’Etat, conformément à la tradition du pays, Mohamed Ould Abdelaziz a préféré snober l’événement. Il s’agissait du premier événement public organisé par Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, «ami de Abdelaziz depuis 40 ans», qui lui avait succédé au pouvoir il y a environ trois mois.
Le siège qui lui était réservé dans les tribunes officielles est resté vide, contrairement à ceux de Mohamed Khouna Ould Haidalla et Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, invités à l’événement.
La dissension entre les deux anciens généraux de l’armée et les coauteurs de plusieurs coups d’État, dont celui qui avait installé Abdelaziz au pouvoir en 2008, a commencé avec le retour de ce dernier en Mauritanie après un long séjour à l’étranger qu’il avait commencé en marge de l’investiture de Ghazouani en août.
À son arrivée, l’ancien chef de l’État a convoqué et présidé une réunion extraordinaire du comité de direction par intérim de l’Union pour la République (UPR), le parti au pouvoir. Au cours de cette réunion, Abdelaziz a officiellement déclaré qu’il est l’unique porte-drapeau de l’UPR, un parti qu’il avait fondé et dirigé pendant ses années au pouvoir (2008-2019).
Cette déclaration avait contrarié Ghazouani, qui avait à son tour convoqué un comité directoire pour affirmer qu’il est le seul et unique point de référence pour le parti. Dans la foulée de cet appel à l’ordre, presque tous les membres de la majorité présidentielle ont tourné le dos à Abdelaziz et se sont ralliés au président Ghazouani. L’ancien président, obstiné, avait immédiatement convoqué les dirigeants l’organisation de jeunesse et l’aile féminine du parti.
Il leur a annoncé qu’il se considérait toujours comme le chef du parti au pouvoir, même s’il devait en rester l’unique membre. L’UPR devait organiser un congrès pour élire sa nouvelle direction avant les élections présidentielles, mais a fini par différer indéfiniment cette échéance.
C’est sur cette base que l’ancien président a toujours prétendu diriger le parti, et c’est lui qui a nommé son comité de direction actuel. Il a rappelé à son ami de toujours que la constitution mauritanienne interdit à tout président en exercice de s’affilier à un parti politique.
«Cet homme a longtemps dirigé le pays avec un poing de fer depuis trop longtemps et ne veut pas accepter le fait de devenir un citoyen ordinaire comme tout le monde» a déclaré Sidi Yahya Ould Cheikh, analyste politique à Nouakchott. La question qui se pose à présent est de savoir jusqu’où Ould Abdelaziz ira dans sa position provocante contre le chef de l’État.
Dans un geste considéré par les observateurs comme une suite logique de la rupture entre les deux hommes, Ould Ghazouani a limogé le commandant du bataillon de sécurité présidentielle, le 27 novembre et l’a remplacé par un de ses plus proches officiers.