Né le 8 Avril 1929 ,le Grand Jacques nous quitte en 1978 à l’âge de 49 ans ; une vie assez courte mais intense par la forte abondance lyrique et la puissance musicale de l’artiste. La vie, la passion et la carrière de l’auteur de ‘’Ne me quitte pas’’, font l’ensemble d’une œuvre exceptionnelle qui continue à inspirer les magiciens du mot et de la mélodie tout en leur inculquant les valeurs de l’artiste vrai, loin de toute médiocrité et de toute prétention artistique basée sur le faux et le commercial. Le monde fête aujourd’hui l’anniversaire de Jaques Brel comme s’il était toujours vivant, son nom et son art sont éternellement gravés dans la mémoire de ses fans.
Comment oublier l’auteur des vieux amants, des Flamandes et des Timides? qui mieux que lui a su puiser dans le fin fond de l’Homme et décortiquer les détails de son être? Seul lui a su tout dire en si peu de temps, et quand il a tout dit, il est parti, son mot est un miroir qui nous met face à nos anges et nos démons. La poésie de Jaques a cet effet exorcisant qui frappe fort, qui choque, qui dérange parfois, mais qu’on pardonne et qu’on embrasse car au fait, ce n’est que notre vérité qu’il nous chante, qu’il nous crie avec ses tripes.
Son mot dessine ‘’le timide’’ en nous portant une valise dans chaque main, et l’on se rend compte à quel point nous sommes ce timide que nous essayons de défier mais qui reste là et qui se réveille dans chaque phrase de Brel, et c’est avec cette même force et ce même talent que Brel nous met face à la vie, à la mort, à l’amour, au désespoir, à l’enfance, au maux de la société et de nos âmes et nos cœurs. C’est dans ce sens aussi qu’il nous rappelle notre éternelle course contre le temps dans le ronronnement de cette ‘’pendule au salon qui dit oui qui dit non qui vous attend’’.
Brel dit tout, il résume la pensée et le sentiment dans son rythme souvent court et rapide mais qui frappe fort, il est là pour nous dévoiler nos pires paradoxes, et ce sont aussi les siens quant il idéalise la femme qu’il conjure de le laisser devenir ‘’l’ombre de son chien’’ dans ‘’Ne me quitte pas’’, pour ensuite lui préférer ce chien dans ‘’Les Filles et les Chiens’’, une complexité humaine, voire une aberrance que seul un grand comme lui peut reconnaître et exprimer si ouvertement. Il avait un mot et une musique pour tout, il ne reculait devant rien, et avec sa voix profonde, douce et violente à la fois, il hurlait sa philosophie, son amour, sa haine, sa détresse sur scène la main tremblante et le corps tout en sueur comme dans un combat infini avec ses démons et les nôtres…
Brel était entier, il ne pouvait mentir sur rien au monde, même pas sur son refus des normes et de l’hypocrisie sociale dans son propre pays, ce ‘’plat pays qui est le mien’’, disait il, et où il grandit avec ses parents trop âgés à son goût et qui finissent par lui inspirer la chanson des ’’Vieux’’, une vie de Bourgeois qu’il n’hésite pas à insulter dans sa fameuse phrase ‘’les Bourgeois c’est comme les cochons, plus ça devient vieux et plus ça devient con’’. Cette vie de Bourgeois bruxellois lui cause beaucoup d’ennuis et évoque chez lui un grand mépris pour l’argent duquel il dit ‘’j’ai été élevé dans l’argent et j’ai vu toutes les saloperies qu’il fallait faire pour en avoir ’.
Tout ça le pousse à critiquer son pays et à le quitter.. oui des fois il faut s’en aller pour mieux voir les choses, mieux les aimer peut être, mais bien les analyser et les comprendre comme il a l’air de nous le raconter dans sa chanson ‘’les flamandes qui ne dansent que pour montrer que tout va bien et que pousse le blé dans le pré… Rares sont les artistes qui on su être si fins, si délicats, si subtils et qui ont su s’exprimer avec douceur et brutalité à la fois, une véracité, un franc parler, un courage que seules les âmes guerrières peuvent démontrer si talentueusement. Cet anticonformisme précoce chez le grand Jacques le fait naviguer dans l’océan de sa passion.
Il commence dès l’âge de 15 ans à écrire ses poèmes et à les chanter sur les notes du piano de sa mère, ensuite il se met à chanter dans les cabarets de Bruxelles pour finalement opter pour la France où il s’installe définitivement et entame sa carrière de grand artiste qui a apporté énormément à la chanson francophone.
Le succès fou de Brel ne se limite pas au territoire français, il fut un ambassadeur de la chanson française partout au monde, surtout dans le milieu musical anglophone où il inspire les géants de la chanson anglophone comme David Bowie, Alex Harvey, Léonard Cohen et bien d’autres. Sans oublier le nombre de chanteurs qui ont interprété ses chansons traduites en Anglais comme Nina Simone, Ray Charles, Franc Sinatra, Sting, Andy Williams …et la liste est longue.