Deux avions et un hélicoptère de l’armée de l’air syrienne ont lâché des bombes contenant du sarin et du chlore sur une localité du nord syrien en 2017. L’attaque a affecté une centaine de personnes, selon l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).
Pour la première fois, l’OIAC, basée à La Haye aux Pays-Bas, a désigné l’armée de Bachar al-Assad comme responsable d’attaques chimiques sur son propre sol. Les faits se sont déroulés il y a deux ans à Latamné, alors aux mains des rebelles. La ville était cible d’une série de trois attaques aériennes sur lesquelles se sont penchés les enquêteurs d’une équipe spéciale de l’OIAC. Celle-ci a mis à profit de nouveaux pouvoirs qui lui ont été conférés en 2018, malgré l’opposition de Damas et de son allié russe.
L’IIT (équipe d’identification et d’enquête de l’OIAC), chargée d’identifier les auteurs présumés d’attaques chimiques en Syrie, a conclu qu’il existe « des motifs raisonnables de croire que les auteurs » de ces attaques au sarin les 24 et 30 mars 2017 et au chlore le 25 mars 2017 « étaient des individus appartenant à l’armée de l’air arabe syrienne ». Le gouvernement syrien nie constamment toute implication dans des attaques chimiques. Il affirme avoir remis tous ses stocks d’armes chimiques sous supervision internationale aux termes d’un accord conclu en 2013.
« Des attaques d’une telle nature stratégique n’ont pu avoir lieu que sur ordre des plus hautes autorités du commandement militaire de la République arabe syrienne », a poursuivi l’OIAC. « Malgré les efforts de désinformation de la part des soutiens d’Assad en Russie et en Iran, il est clair que le régime syrien est responsable de nombreuses attaques chimiques », a déclaré le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo. « L’utilisation d’armes chimiques par un pays quel qu’il soit représente une menace inacceptable pour la sécurité de tous les Etats et ne peut pas rester impunie », a-t-il ajouté dans un communiqué.
Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a lui aussi dénoncé une « violation flagrante des lois internationales ». « Les conclusions de l’OIAC devraient être utilisées pour soutenir une forme de justice pénale pour les personnes responsables », a-t-il ajouté dans un communiqué.
Un autre rapport de l’IIT est par ailleurs attendu concernant une attaque qui avait fait une quarantaine de morts à Douma en avril 2018 après l’utilisation de chlorine, selon les enquêteurs de l’OIAC.
L’équipe d’enquêteurs « n’étant pas un organe judiciaire ayant le pouvoir d’attribuer la responsabilité pénale individuelle, il appartient désormais au secrétaire général de l’ONU et à la communauté internationale dans son ensemble de prendre les mesures jugées nécessaires et appropriées », a déclaré le directeur de l’OIAC Fernando Arias, cité dans un communiqué.