L’association Joussour -Forum des Femmes Marocaines- lance une campagne nationale pour la parité dans le but de sensibiliser au droit des femmes d’accéder aux sphères de prise de décision au même titre que les hommes. Elle s’inscrit dans le cadre du projet portant sur la promotion de la représentativité politique des femmes au Maroc, initié en avril 2017 par l’association Joussour en partenariat avec la fondation allemande Frederich Ebert Stiftung (FES).
La promotion de la participation politique des femmes est cruciale pour la réalisation des Objectifs du Développement Durable. Cette représentation politique est une question d’équité qui relève de l’égalité hommes-femmes. Au Maroc, de nombreuses dispositions constitutionnelles, soutenues par des mécanismes juridiques, stipulent une citoyenneté effective. Toutefois, malgré ces avancées législatives, les résultats en matière de représentation politique des femmes restent en deçà des espérances. L’exemple le plus probant est celui de la sous-représentation politique des femmes dans le gouvernement Othmani II qui ne compte que 4 femmes, soit un pourcentage de 16,66%.
Dans ce contexte, Ouafa Hajji, Coordinatrice du projet Ensemble pour la parité et Membre fondatrice de l’association « Joussour »-forum des femmes marocaines, confie à Barlamane.com/fr que le Maroc a connu beaucoup d’avancées sur le plan des droits des femmes. Si des étapes importantes ont été franchies qui ont permis de voir des femmes dans des postes de responsabilité et leurs droits protégés, beaucoup reste à faire. « En 2017, nous avons établi l’état des lieux de la représentation politique des femmes à travers une recherche qualitative. Cette étude a montré que la représentation politique des femmes relève plus du symbolique et de l’alibi et surtout qu’elle résiste à céder le pouvoir de décision aux femmes. Nous avons remarqué l’absence de mécanismes qui peuvent appuyer et renforcer davantage cette représentation ; d’où vient l’importance de mettre au point une loi-cadre qui va proposer une stratégie qui va structurer la mise en oeuvre de la parité et la présence des femmes dans l’espace public aux différents niveaux de responsabilité. Nous souhaitons voir, dans la continuité, plus d’implication des femmes et une réelle mise en oeuvre de la nouvelle Constitution de 2011, surtout lors des prochaines élections législatives de 2021″, a-t-elle indiqué.
Aujourd’hui, d’après Ouafa Hajji, ce n’est plus « l’association Joussour » qui veut que cette parité soit renforcée, « c’est l’ensemble des partenaires, qui ont signé la charte, qui lancent la campagne nationale pour la parité ». « Cette campagne commence aujourd’hui par la présentation des partenaires qui ont signé la charte : partis politiques, syndicats, ONG, organisations de droits de la femme, des personnalités intellectuelles, des artistes … Nous allons lancer par la suite une pétition nationale pour avoir le soutien des citoyens pour présenter ensemble les résultats de cette pétition en mars 2020 au Chef du gouvernement et ce, dans le cadre des mécanismes de démocratie participative, qui est une valeur constitutionnelle, pour que les citoyens puissent s’unir contre cette mentalité qui veut que les femmes ne soient pas aptes à décider dans le pays », a-t-elle poursuivi.
En outre, Oumaima Achour, Présidente de « Joussour », a affirmé que la Constitution de 2011 marque une étape importante des droits des femmes au Maroc étant donné qu’elle consacre la parité hommes-femmes dans son article 19. Toutefois, ce principe constitutionnel reste à l’état des promesses c’est pour cela que peu de femmes sont présentes dans la sphère décisionnelle politique du Maroc et ce, malgré l’existence de plusieurs mécanismes de promotion de la représentation politique de la femme.
Par ailleurs, Mohamed Abdelouahab Rafiki alias Abou Hafs, Chercheur en études islamiques, ancien de la salafia au Maroc et signataire de la charte pour la parité, a indiqué, dans une déclaration à la presse, que les droits des femmes, leur égalité en droit avec les hommes, font désormais partie de notre panorama quotidien. Il est temps que la femme participe activement à la vie politique au Maroc, elle est l’égale de l’homme et elle est autant qualifiée que l’homme pour tenir les rênes du pouvoir politique et accéder aux postes de décision. Aujourd’hui, tout le monde doit s’unir pour défendre cette cause pour une meilleure présence des femmes dans la vie politique, économique, et sociale et atteindre l’égalité et la consolidation de la démocratie. Pour sa part, Latifa Ahrar, actrice et réalisatrice qui parle souvent de l’image de la femme dans l’imaginaire collectif dans ses réalisations, a fait savoir à Barlamane.com/fr que les artistes veillent, dans la plupart du temps, à véhiculer des messages forts en matière des droits humains et que la parité fait partie de ces droits. Elle a également noté que l’art est l’un des outils qui pourraient aider à promouvoir la parité dans la société marocaine.
Soulignons que plusieurs personnalités d’envergure ont signé cette charte, à savoir : Fathia Bennis, Présidente et Co-fondatrice de l’Association Women’s Tribune, Fatima Zohra Chaoui, Présidente de l’association marocaine de lutte contre la violence à l’égard des femmes, Nizar Baraka, Secrétaire général du Parti de l’Istiqlal (PI), Nabila Mounib, Secrétaire générale du Parti Socialiste Unifié, Hakim Benchamach, Secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM), Nabil Benabdellah, Secrétaire général du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), Khadija Zoumi, Présidente de l’Organisation de la femme istiqlalienne, Khadija El Gour, porte-parole du PAM, Abdelkader Zayer, Secrétaire général de la Confédération Démocratique du Travail (CDT), Miloudi Moukharik, Secrétaire général de l’Union Marocaine du Travail (UMT), Mayara Enâam, Secrétaire général de l’Union Générale des Travailleurs du Maroc (UGTM), Abdelhamid Fatihi, Secrétaire général de la Fédération Démocratique du Travail (FDT), Habib Belkouch, Président du centre d’études en droits humains et démocratie ainsi que d’autres éminentes personnalités.