La Banque mondiale a publié un diagnostic du secteur privé marocain. Ce document se consacre aussi aux nombreuses performances du secteur automobile puis nuance : « La faiblesse de l’industrie automobile réside toutefois dans les retombées économiques limitées dans l’économie locale et l’incapacité des champions locaux à faire leur entrée dans les chaînes de valeur. »
Le rapport de la BM mis en exergue les perspectives du secteur automobile marocain prometteuses et en croissance régulière : «le pays devrait devenir le premier constructeur automobile d’Afrique d’ici 2020, dépassant l’Afrique du Sud. Les véhicules automobiles ont déjà dépassé les phosphates comme principal produit d’exportation du pays», tout en énumérant nombreux avantages qui ont soutenu la croissance de l’industrie, notamment la proximité géographique du Maroc avec l’Europe, les accords de libre-échange comme ceux signés avec l’Union européenne et les États-Unis et les coûts de main-d’œuvre représentent environ un tiers de ceux de la Roumanie ou de la Turquie.
Toutefois, la BM rappelle que la production automobile marocaine reste modeste par rapport à celle des autres grands acteurs. En 2016, ses exportations ne se classaient qu’au 27ème rang mondial, derrière ses concurrents d’Europe de l’Est, et ne détenaient que 0,4 % du marché mondial.
«Peu d’entreprises marocaines ont rejoint les clusters automobiles, soit par la modernisation de leurs activités, soit par le biais de joint-ventures. Cela pourrait constituer un frein pour le secteur à l’avenir si les entreprises de niveau 1 et les plus grandes entreprises de niveau 2 ne sont pas en mesure de réorienter leur approvisionnement en intrants des importations vers des fournisseurs locaux plus petits» explique le rapport de la BM.
Dans le même sens, le diagnostic relate l’engagement du secteur privé à créer 66.500 emplois supplémentaires, à augmenter la valeur ajoutée locale de 21 points de pourcentage et à réaliser 2,2 milliards euros d’exportations supplémentaires.
Pour sa part, le gouvernement s’est engagé à fournir 110 hectares supplémentaires de surfaces locatives à des prix attrayants, à former environ 66.500 personnes en fonction des besoins des écosystèmes, à fournir 170 millions d’euros de subventions d’investissement et à prendre des mesures spécifiques pour soutenir localement une plus forte valeur ajoutée.
Le rapport rappelle que les perspectives de croissance sont confortées par les projets annoncés par Renault en 2016 d’investir plus de 900 millions d’euros pour soutenir son écosystème, permettant aux entreprises de s’approvisionner localement pour 65 % des composants contre 32 % auparavant et de générer un chiffre d’affaires supplémentaire estimé à 2 milliards d’euros et 50.000 nouveaux emplois d’ici 2023. Il faut aussi noter que l’entrée en production de la nouvelle usine de Peugeot en 2019 ajoutera à court terme 100.000 véhicules par an à la production totale du Maroc, qui passera ensuite à 200.000 véhicules par an en 2023, avec 4.500 employés et au moins 80% de ses composants achetés localement.