Le traité censé entrer en vigueur en septembre est critiqué de toutes part, surtout en Algérie, où les dirigeants craignent une distorsion de concurrence.
L’entrée en vigueur de la zone de libre-échange entre l’Algérie et l’Union Européenne, prévue au 1ᵉʳ septembre après quinze ans de préparation, semble compromise tant elle est contestée par les dirigeants politiques, les chefs d’entreprises et des économistes algériens. D’autant qu’Alger a demandé à moult reprises au fil des années de renégocier un accord trop défavorable à ses yeux. Sans compter la décision du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, de confier début août au ministre du commerce Kamel Rezig le soin de «procéder à une évaluation du dossier sur l’accord d’association avec l’Union européenne».
Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a enfoncé le clou mercredi. S’il n’a pas cité l’accord signé entre l’Algérie et l’UE en avril 2002, l’allusion est transparente. Il a promis «un examen des règles de défense commerciale». La mise en place officielle de la zone de libre-échange (ZLE) est la cible de critiques quasi unanimes des dirigeants politiques, des patrons et des économistes algériens, qui dénoncent une balance commerciale largement en défaveur de la quatrième économie d’Afrique, peu compétitive. L’UE est le premier partenaire commercial de l’Algérie.
Selon le président de l’Association nationale des exportateurs algériens Ali Bey Nasri, l’Algérie a importé pour 320 milliards de dollars (plus de 270 milliards d’euros) de biens entre 2005 et 2019 tandis que ses exportations vers l’UE n’ont atteint que 15 milliards de dollars, hors pétrole et gaz.
L’accord d’association entre Bruxelles et Alger, entré en vigueur au 1er septembre 2005, projetait d’ouvrir leurs marchés respectifs au sein d’une ZLE. Il prévoyait pour cela une période de transition de douze ans, jusqu’en 2017, afin que l’Algérie élimine progressivement ses droits de douane sur des produits industriels et qu’elle applique une libéralisation sélective de ses produits agricoles. Cette période a par la suite été prolongée de trois ans, jusqu’au 1ᵉʳ septembre 2020, pour certains produits comme l’acier, les textiles, les produits électroniques et l’automobile.
Cet accord «a été mal négocié à la base. À l’époque, l’Algérie l’avait ratifié avec une Europe de quinze membres. Aujourd’hui, ils sont 27 et seront encore plus nombreux dans quelques années», explique M. Nasri.






