La question de la subvention des salaires des journalistes dans la presse écrite, a suscité un tollé sans précédent dans les milieux journalistiques en particulier, après la distribution du formulaire par le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) à ceux désireux d’en bénéficier, et qui contient des questions à caractère personnel comme le compte bancaire et autres données.
Selon un sondage réalisé par barlamane.com parmi un certain nombre de journalistes, la goûte qui a fait déborder le vase est leur sentiment d’être devenus des « veuves » et des « nécessiteux », remplissant une demande d’aide au mépris de leur dignité, d’autant plus qu’aucune garantie de recevoir une telle subvention n’existe, eu égard à l’absence de critères et de méthodes d’utilisation de cette aide.
Nombreux parmi les personnes sondées par le site ont affirmé que c’est la première fois que tout un secteur se trouve ainsi exposé à un tel mépris, alors qu’il était possible que ladite subvention consacrée aux salaires fasse partie du budget de subvention réservé aux entreprises conformément à des critères convenus à l’avance de part et d’autre, et partant, préserver la dignité des journalistes.
La question qui se pose chez les journalistes est de savoir pourquoi a-t-on imposé une telle méthode méprisante au secteur ?
Les journalistes qui suivent de prés ce dossier font état d’une grande lacune dans l’approche défendue par le ministre de la communication Mustapha El Khalfi selon lequel, si ce budget consacré aux subventions n’est pas placé dans un fond spécial, il risque d’être récupéré par la trésorerie générale, autrement dit « la masse », un argument qui n’est pas clair car le budget annoncé concernait les années 2014 2015, de quoi se demander pourquoi le budget 2014 n’est pas tombé dans cette « masse ».
Ces journalistes se demandent encore pourquoi El Khalfi a-t-il conservé le budget 2014, et n’a posé le problème qu’à la fin de l’année 2015 alors qu’il lui était possible d’utiliser ce budget dans le subvention des entreprises afin de revoir et améliorer les salaires, chose qu’il n’a pas faite car voulant obliger tout le monde à accepter les subventions directes pour qu’il puisse paraitre comme un mécénat pour les journalistes, et le reflet du fameux fond de subvention aux veuves.
Selon les journalistes contactés par Barlamane.com, l’objectif d’El Khalfi est politique car ce qu’il lui importe, c’est de marquer des points au moment où il est en train d’exposer devant le parlement des projets de loi concernant le Conseil national de la presse et le Code de la presse. De quoi amener ces journalistes à s’interroger sur le rôle de certains responsables du Syndicat national de la presse marocaine dont les relations avec le ministre suscitent plusieurs interrogations, selon leurs dires.
Au moment où le syndicat a fait état de négociations avec les éditeurs sur la manière d’utiliser cette subvention, une pétition de la part du quotidien « Attajdid » proche du Parti de la justice et du développement, et de son confrère « Al Alam » porte-parole du parti de l’Istiqlal, a fait son apparition demandant l’utilisation de cette subvention de manière directe.
Le président du syndicat Abdallah El Bakkali et Mustapha El Khalfi ont signé ainsi un accord portant sur l’utilisation de cette subvention de manière directe, écartant les éditeurs et l’idée de l’intégrer dans la convention collective comme cela a été annoncé auparavant par les syndicats dans ses communiqués.
Nombre de journalistes considèrent qu’il s’agit là d’un deal politique entre le parti de la lampe et celui de la balance car le ministre utilise ce dossier de la subvention dans une conjoncture bien particulière, afin de s’attirer la sympathie du syndicat pour qu’il puisse se taire sur l’adoption des projets de loi, en particulier le Code de la presse qui a fait l’objet d’une opposition farouche de la part des éditeurs, alors que le syndicat a fait preuve d’un inhabituel.
D’aucuns vont plus loin en considérant l’attitude du syndicat comme faisant partie de la décision du parti de l’Istiqlal d’adopter « un soutien critique au gouvernement », au point de se demander si la dignité des journalistes a été sacrifiée sur l’autel d’un deal politique.






