Le Botswana vote aujourd’hui pour des élections générales d’une âpreté inédite dans l’histoire de ce pays, considéré de longue date comme une des démocraties les mieux assises du continent africain. Les électeurs du Botswana se rendent ainsi aux urnes pour des élections générales sur fond de vives tensions entre l’ancien Président Ian Khama et son successeur Mokgweetsi Masisi, issus du même parti, au pouvoir depuis plus de 50 ans.
Les Botswanais sont appelés à voter, mercredi 23 octobre, pour des élections générales très disputées mettant en péril le règne sans partage du parti au pouvoir depuis l’indépendance en 1966. Jusqu’ici encensé pour ses pratiques démocratiques et sa stabilité exemplaires, ce vaste pays d’Afrique australe, riche en diamants et en éléphants sauvages, est agité par une guerre fratricide entre son actuel chef de l’État, Mokgweetsi Masisi, et son prédécesseur, Ian Khama.
Comme le veut la Constitution, Ian Khama a cédé il y a dix-huit mois les rênes du Botswana à son vice-président, Mokgweetsi Masisi, issu du même Parti démocratique du Botswana (BDP). Mais depuis, le torchon brûle entre les deux hommes. En mai dernier, Ian Khama a même claqué la porte du BDP, accusant Mokgweetsi Masisi de dérive autoritaire. « J’ai constaté une menace pour notre démocratie (…) nous avons des dirigeants devenus ivres de pouvoir », a expliqué l’ex-chef de l’État. Inédite, cette fronde a pour effet de fragiliser la position électorale dominante du BDP, qui avait réalisé le plus mauvais score de son histoire aux élections générales de 2014 en tombant sous la barre symbolique des 50% des suffrages. Profitant de la crise, la Coalition pour un changement démocratique (UDC), le principal parti d’opposition, espère se démarquer et récolter le plus de voix possible. Face aux critiques et aux accusations, Mokgweetsi Masisi se justifie en expliquant que la politique de son prédécesseur avait nui à l’image du parti au pouvoir, et s’est dit persuadé de l’emporter. « Nous sommes forts mais pas arrogants », a-t-il assuré, mardi, en clôturant sa campagne devant un millier de partisans réunis dans son village natal de Moshupa, situé à l’ouest de la capitale. « J’espère demain une manifestation éclatante de confiance ». Du côté de l’UDC, Duma Boko, le chef du parti, est persuadé que l’heure de l’alternance a sonné. « Je pense que nous allons gagner cette élection », a-t-il pronostiqué.
Largement nourri par ses diamants, et arborant un produit intérieur brut par habitant de plus de 8.000 dollars, le Botswana est un des pays les plus riches du continent africain. Mais il est aussi un des plus inégalitaires, avec un taux de chômage de 18 %. Contrairement à d’autres pays voisins, l’importance des enjeux ne devrait toutefois pas menacer la stabilité du pays.