L’évènement à Meknès en ce mois d’août est tout à fait particulier. C’est un bouillonnement littéraire et artistique qui vient apporter une chaleur supplémentaire à la cité ismaïlienne, avec le lancement d’un somptueux café culturel, par la poétesse trilingue (arabe-français-anglais), Houda Elfchtali, qui embrassait, cela fait des années, le projet de création à Meknès d’un espace culturel, en vue d’accompagner et de développer la culture de proximité.
Elle le concevait un haut lieu de sociabilité culturelle où les écrivains, artistes, poètes, historiens, chercheurs, universitaires de Meknès et d’ailleurs, éliront leur domicile hebdomadaire autour d’une œuvre. Un lieu convivial qui invite l’élite intellectuelle locale, mais aussi régionale et nationale, de s’y attabler pour y échanger, y confronter les idées, et rêver le monde de l’art et de la culture en se ressourçant de ces œuvres écrites, peintes, composées, telles un héritage culturel commun. Et c’est de cet univers émotionnel intense, que l’émission ‘’Autour d’une œuvre’’, tire son appellation, pour rappeler que chaque œuvre, littéraire ou artistique, enrichit cette humanité qui est en nous, et nous incite à une humanité partagée.
Aujourd’hui le projet a pris forme et c’est l’œuvre de l’historiographe Mostafa Benfaida : ‘’Meknès.. tournée dans l’histoire et les monuments’’, qui s’est mise à l’honneur, vendredi 18 août, lors de la première édition du café culturel ‘’Friends’’, situé dans l’emblématique boulevard Yaacoub Elmansour, en ville nouvelle. Un lieu connu pour être d’un milieu intellectuel élitiste.
En feuilletant l’œuvre mise à l’honneur, on est vite frappé par cette envoûtante cité classée patrimoine mondial par l’UNESCO depuis 1996, et qui est à la fois une ville d’une histoire impressionnante et d’un présent décevant, marqué par une dégradation patrimoniale alarmante et une perte progressive du cachet identitaire qui a fait, jadis, sa force. La cité allait connaître des périodes de gloire et des temps de ralentissement en fonction des dynasties qui s’y sont succédées, avant d’acquérir une réelle notoriété sous le règne de Moulay Ismail, qui en fit sa capitale vers la fin du 17e siècle.
Et l’invité de l’émission qui a consacré à Meknès, sa ville natale, plusieurs ouvrages, dont ‘’Itinéraires et promenades dans Meknès-circuits thématiques dans la Médina (2008), et ‘’Meknès : un musée à ciel ouvert’’ (2011), de s’étaler sur les vestiges, monuments, palais, jardins somptueux et édifices civils, militaires et cultuels qui ont donné à l’urbanisme meknassi un cachet universel.
Malheureusement, se désole l’auteur en conclusion, les changements sociaux et politiques vont générer des transformations désastreuses sur la qualité urbanistique de cette captivante ville, qui a légué à l’humanité un immense patrimoine culturel. Il en résulte, explique Benfaida, un phénomène de dégradation si forte que Meknès l’histoire et Meknès l’authenticité, se voit aujourd’hui vulnérable, en perte d’authenticité, sous l’effet d’agressions insoutenables contre son patrimoine.
Présente dans la première édition de ce café culturel ‘’Friends’’, une bonne partie de l’élite intellectuelle de la ville, a pu admirer le style gai et fastueux de ce lieu résolument chaleureux, tenu par deux jeunes meknassis, amoureux de l’art et à la culture. La même élite compte sur l’initiatrice et la conceptrice du projet, l’écrivaine et poétesse, Houda, pour les faire embarquer, autant qu’elle le peut, pour des voyages enrichissants, de préférence hebdomadaires, au cœur d’une œuvre littéraire, poétique ou artistique.
Mais Houda, consentante, porte pour son café culturel des idées plus fortes, à commencer par un assemblage sous forme d’association entre la littérature et l’œuvre d’art, pour montrer que la plume savante des hommes de lettres se pense et se reconnaît sous les pinceaux magiques des artistes-peintres. Une histoire de fascination réciproque entre deux formes d’expression, en parfaite harmonie, qui s’entremêlent, s’enrichissent et s’acceptent sans jamais se repousser.
Et c’est dans ce Café, tel qu’il est conçu par la poétesse trilingue, que l’œuvre littéraire dévoilera sa sublimité, l’œuvre artistique imposera sa transcendance et l’assistance sensibilisée à l’art et à littérature tira pleinement profit de l’apport de ces artistes, écrivains, poètes et intellectuels, invités à étaler, l’un après l’autre, dans ce même café, leurs expériences individuelles et donner un rythme et une dynamique à leurs œuvres, pour montrer combien un mot, une couleur, une forme, influent sur nos tempéraments et sur nos comportements. Le lancement du café est assumé, le succès viendra.