Le chef de la diplomatie français Jean-Yves Le Drian est en visite ce mercredi 8 décembre à Alger afin de «relancer la relation» franco-algérienne, extrêmement complexe et tendue depuis des mois, a appris l’AFP auprès du ministère des Affaires étrangères français.
Il s’agit d’une «visite de travail, d’évaluation et de relance des relations», a indiqué le Quai d’Orsay. Le déplacement, tenu secret jusqu’au dernier moment, verra M. Le Drian rencontrer son homologue algérien Ramtane Lamamra ainsi que le président algérien Abdelmadjid Tebboune, selon cette source. Cette visite intervient alors que les relations entre les deux pays sont au plus bas depuis des mois.
Le président Emmanuel Macron avait déclenché l’ire d’Alger en octobre en accusant, selon des propos rapportés par le quotidien français Le Monde, le système «politico-militaire» algérien d’entretenir une «rente mémorielle» autour de la guerre d’indépendance et de la France, ancienne puissance coloniale, et alors que Paris a engagé des travaux pour tenter d’apaiser cette question mémorielle en France. D’après le quotidien, il s’était également interrogé sur l’existence d’une «nation algérienne» avant la colonisation française, suscitant de vives réactions dans la société algérienne. L’Algérie avait alors rappelé son ambassadeur à Paris et interdit le survol de son territoire aux avions militaires français ralliant le Sahel.
Paris et Alger s’étaient aussi opposés après l’annonce par la France début octobre de la réduction du nombre de visas accordés à ses ressortissants, pour mettre la pression sur le gouvernement algérien, jugé peu coopératif sur la réadmission des Algériens expulsés de France. Alger avait alors déploré une décision intervenue «sans consultation préalable», qui «comporte l’anomalie rédhibitoire d’avoir fait l’objet d’un tapage médiatique», avant de convoquer l’ambassadeur de France en Algérie.
En avril, le comité intergouvernemental franco-algérien a été «reporté». Selon des sources concordantes françaises et algériennes, le format de la délégation française présidée par Jean Castex, réduit en raison de l’épidémie, a été jugé insuffisant par les autorités hôtes, mécontentes, ce qui a précipité cette annulation tardive. «Le format de la délégation n’est pas à la hauteur» selon Alger, a ainsi indiqué une source française ayant connaissance du dossier.
«La visite a été réduite à une seule journée et la délégation à quatre ministres. C’est un sous-format alors qu’il y avait beaucoup de dossiers bilatéraux à étudier», a confirmé une source algérienne. Quelques heures avant ce déplacement, le ministre du travail et de la sécurité sociale algérien, Hachemi Djaâboub, a lancé devant le Sénat une virulente attaque contre la France, qualifiée d’«ennemi traditionnel et éternel», selon le site en ligne TSA.