Les terres agricoles ont triste mine cette année. L’agriculture marocaine fait face à la troisième année consécutive de sécheresse, et les conséquences en sont indéniables.
Le constat climatique est alarmant. Avec des températures anormalement élevées pour la saison, et une pluviométrie faible, les répercussions sur la récolte céréalière – clé de voute du PIB agricole – inquiètent les agriculteurs. Déjà, une inflation sensible des prix s’installe. Les prix du blé par exemple ont grimpé aujourd’hui à 70 dhs l’hectolitre, alors ils ne dépassaient pas 50 dhs il y a quelques années. De même pour la luzerne qui a atteint 80 dhs, alors qu’elle coûte 35 dhs en temps normal.
Même les pluies prochaines qui s’annoncent n’auront pas le potentiel de sauver l’année agricole. Les précipitations les plus attendues étaient prévues pour le week-end du 18 au 19 janvier, mais la météo n’a pas été concluante. Une dépression atmosphérique était attendue dans les villes de Rabat, Casablanca, Berrechid, Settat, El Jadida, Khouribga, Marrakech, Kénitra, Sidi Slimane, Sidi Kacem, Fès, Meknès, Taza, Ifrane, Béni Mellal, Oujda, Guercif, Nador et Al Hoceima. Mais celles-ci n’ont pas été suffisantes pour sauver les récoltes. De même pour ce week-end, du 14 au 15 mars, où des cieux nuageux ont plafonné le pays, mais qui se soldées par de petites précipitations sans grand potentiel. Les agriculteurs s’accordent à dire qu’il est déjà trop tard. Les pronostics de la récolte céréalière établis par le département agricole américain ont déjà estimé la production de blé au Maroc pour la saison 2019-2020 à 40 millions de quintaux, soit une baisse de 34 % par rapport à la moyenne sur les cinq dernières années.
A cause du manque de pluie – dont le déficit pluviométrique a été estimé à 37,6% par rapport à la saison agricole 2018-2019, qui se fait attendre, les fleurs n’éclosent pas et par conséquent, les abeilles n’ont rien à butiner. Les répercussions de la sécheresse menacent également la faune dépendante de la flore.
Il n’y a pas que les cultures céréalières qui pâtissent du manque de pluie, il y a les légumineuses aussi. Le Maroc est passé du statut de deuxième exportateur de légumineuses sur le marché mondial à un simple importateur de légumineuses à cause des dernières années de sécheresse. Depuis 2017, le Maroc importe chaque année environ 290.000 quintaux de légumineuses, principalement les lentilles. Ainsi, son chiffre d’affaire a baissé de plus de 70%. Voici donc un énième lacune du Plan Maroc Vert, étant donné qu’une météo capricieuse est capable de faire passer au second plan tout « plan » ou « programme ». La culture des légumineuses se situe principalement dans les régions du Saïss, du Rif, du Gharb et de la Chaouia. Ce sont des régions où les cieux couverts ont fait espérer les agriculteurs, sans pourtant lâcher de précipitations suffisantes depuis janvier.
En somme, bien que des précipitations soient prévues cette semaine sur plusieurs régions du pays, celles-ci n’ont pas réellement le potentiel de sauver certaines cultures agricoles. Le cycle végétatif de certaines cultures nécessite qu’elles soient arrosées à un moment précis et opportun de leur pousse. Une fois ce moment dépassé faute de pluie, il est trop tard. Cette année encore, les petits agriculteurs devront dépendre de la Caisse de compensation, et le Maroc, de l’importation de blé et d’autres produits agricoles, pour combler son déficit.