Malgré ses vertus, le tourisme africain reste privé d’une stratégie globale qui valorise ses ressources. En plus de contribuer à la création d’emplois, il constitue un débouché substantiel pour l’artisanat et le commerce local. Mais sans la réalisation d’infrastructures et d’équipements pouvant pousser à son décollage, le tourisme en Afrique peinera à se déployer mondialement.
Le tourisme, activité de services multiformes dotée d’une grande transversalité, ne progresse pas suffisamment en Afrique, le continent n’étant pas sensible aux évolutions des modes de production des activités, de ce secteur a affirmé, mardi 16 octobre, Leila Farah Mokaddem, représentante résidente de la Banque africaine de développement (BAD) au Maroc, lors d’une rencontre à Casablanca.
L’Afrique recèle des paysages uniques et possède un patrimoine culturel riche et diversifié qui devrait pouvoir, s’il est pleinement exploité, positionner le continent en tant que destination touristique privilégiée, a indiqué Mme. Mokaddem, qui animait une rencontre sous le thème “Quelles opportunités de développement de l’Afrique grâce au tourisme ?”. Un rendez-vous organisé peu après de la nomination de Nadia Fettah Alaoui à la tête du département du Tourisme, de l’artisanat, du transport aérien et de l’économie sociale. Mme Fettah Alaoui, d’ailleurs a souligné, le 14 octobre à Rabat, sa volonté de donner un coup de pouce à la valeur ajoutée et l’employabilité du secteur du tourisme au bénéfice de l’économie marocaine.
Interrogée sur sa vision globale pour les secteurs qu’elle dirige, elle a affirmé leur complémentarité, annonçant sa disposition à œuvrer pour leur développement avec l’ensemble des acteurs concernés. Elle rappelle l’ancrage du Maroc sur le continent africain, et la perspective du Roi Mohammed VI d’accélérer une politique africaine de développement et de coopération au centre de laquelle le Maroc souhaite jouer un rôle primordial. L’évolution des échanges commerciaux, concerne l’axe touristique notamment. L’essor touristique national, et, au-delà, fondé sur les projets d’aménagement de grande envergure du fait de stratégies sectorielles engagées, offre un bon exemple de progrès socio-économique. Selon les derniers chiffres, le Maroc est la première destination touristique du continent africain, grâce à ses possibilités développées et ses deux ouvertures maritimes atlantique et méditerranéenne, entre autres.
L’Afrique, en effet, tient aujourd’hui une place de choix dans l’imaginaire des touristes en quête de loisirs, d’authenticité et de ferveur humaine. Selon l’Organisation mondiale du tourisme, le continent africain a enregistré ces dernières années le plus fort accroissement de fréquentation touristique à l’échelle mondiale, même si l’Afrique ne représente que 4% du volume touristique international. La promotion de voyages à destination du continent africain s’appuie sur l’esthétique et l’exaltation de son « primitivisme » d’une part, et, d’autre part, sur l’identité locale de ses peuples ainsi que son environnement littoral, faune et flore également.
L’activité touristique en Afrique figure parmi les activités de services les plus importantes dans le monde. L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) et le World Travel and Tourism Council (WTTC) fournissent annuellement des chiffres considérables sur son poids dans l’économie mondiale : pour l’année 2016, 57,8 millions de touristes ont visité le continent, soit 4,4 millions de plus qu’en 2015, engendrant 34,8 milliards de dollars de recettes touristiques. Leur nombre pourrait atteindre 134 millions en 2030 selon les estimations de l’Organisation mondiale du tourisme.
Les flux touristiques internationaux sont en train de se réorienter, privilégiant les régions africaines qui favorisent le tourisme de proximité au détriment du tourisme de luxe, réservé à une clientèle fortunée mais très volatile. Pour la plupart des pays récepteurs du continent, le tourisme constitue une activité exportatrice qui concourt à l’augmentation du PIB. Il s’agit, pour l’essentiel, de petits États insulaires où les arrivées de touristes ont affiché un taux moyen de croissance record.
Jusqu’à présent, les acteurs du tourisme africains, publics et privés, se sont peu préoccupés des opportunités liées au développement touristique dans leurs. Seule l’attractivité des destinations et leur rentabilité à court terme, mesurées au regard de la masse de touristes se dirigeant vers les africaines, constituaient le critère élémentaire d’implantation d’équipements de haut standard, de nature à garantir le touriste au détriment des particularités locales. Au forum mondial de Davos, à titre d’exemple, l’accent a été mis sur la nécessite de faire progresser la croissance de ce secteur par l’amélioration des infrastructures, l’aspect sécuritaire et la liberté de circulation pour les touristes.






