L’ex-international marocain, qui a rejoint à la fin de 2020 l’équipe nationale d’Algérie comme apprenti coach, est devenu malgré lui un blanchisseur de la dictature algérienne. Sa petite guerre sur Twitter avec des comptes patriotes marocain est révélatrice de ses choix très contestables.
L’image est symbolique. Alors que les supporters du Mouloudia Club d’Alger (MCA), une des équipes vedettes du football algérien, ont renoncé à fêter en 2021 le centenaire du club afin de reverser des fonds urgents pour fournir des bouteilles d’oxygène aux patients de Covid-19, le Franco-Marocain Abdeslam Ouaddou, qui fut surtout capitaine de l’équipe nationale du Maroc, exaltait un peu trop le régime militaire, contesté de toutes parts. Le Mouloudia, faut-il le dire, est surnommé « le club du peuple« , en plus d’être une des équipes les plus capées du championnat professionnel d’Algérie. Ses ultras sont connus pour leur opposition frontale au système algérien prédateur.
Pas un mot sur l’instrumentalisation par le régime d’Abdelmadjid Tebboune du match qui a opposé en septembre 2021 l’Algérie et le Burkina Faso dans le cadre de la deuxième journée du Groupe 1 des éliminatoires du Mondial 2022, lequel s’est joué au Maroc en raison de la non-conformité du stade burkinabé aux normes de la Fédération internationale de football (FIFA), en pleine crise entre Rabat et Alger.
L’Algérie s’est insurgée contre l’organisation de la CAN-2020 de futsal et de la CAN-2021 de handball au Sahara marocain. Alger, qui redoute de voir la communauté internationale cautionner l’évidence, c’est-à-dire la position du Maroc qui considère le Sahara occidental comme partie intégrante de son territoire depuis le départ des colons espagnols, s’agite dans tous les sens en politisant des événements purement sportifs.
Là encore, Abdeslam Ouaddou est resté tacite.
Peut-être c’est parce qu’il a rejoint, à la fin de 2020, l’équipe nationale d’Algérie comme apprenti coach, afin d’effectuer un stage nécessaire à l’obtention de son diplôme d’entraîneur, qu’il n’a pas voulu offusquer ses hôtes. Un choix assez intriguant, au moment où le soi-disant Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui s’en est pris directement à l’ex-président de la CAF, le Malgache Ahmad Ahmad, pour priver le Maroc de la possibilité d’organiser des événements sportifs dans ses provinces sahariennes.
Ce n’est qu’après quelques critiques mal perçues sur son prisme algérien qu’il s’est accordé sur Twitter une croisade misogyne, raciste et personnelle, indicatrice de la position de la femme marocaine dans son imaginaire. On y trouve un peu de tout : insultes, procédés d’exclusion et d’infériorisation des femmes, préjugés sexistes, etc, tout en chantant les louanges d’une caste criminelle qui, pour lutter contre les incendies sans précédent ayant ravagé en août la région de la Kabylie, au nord de l’Algérie, elle a demandé le soutien de deux bombardiers d’eau français puisqu’elle n’en dispose pas.
Des sorties d’autant plus désolantes que Ouaddou fut un des héros de la génération 2004. Il a été décoré par le roi Mohammed VI de l’ordre d’officier. En Algérie, par l’intermédiaire de Djamal Belmadi, il rencontre le président de la fédération algérienne de l’époque, Kheïreddine Zetchi, lequel briguait alors une place au conseil de la Fédération internationale de football (FIFA), essentiellement pour contrecarrer la montée en puissance de Fouzi Lekjaa dans les arcanes du football africain.
Début 2021, et contre tout attente, Ouaddou a exprimé son «soutien indéfectible» à la candidature de M. Zetchi, qu’il dépeint comme le seul «capable de booster le football africain par son intégrité, son humilité, ses valeurs de travail et, surtout, la connaissance de l’écosystème». Cette prise de position a été considérée comme un coup de poignard au Maroc, au point où la ligue professionnelle du ballon rond national a fustigé une action aux antipodes des «valeurs et à l’éthique nationalistes qui caractérisent tous les composants du football national» et aux «intérêts de la nation».
Et c’est à Rabat que s’est tenue, le 12 mars 2021, l’élection du président de la Confédération africaine de football (CAF) – de même que celle des conseillers de la FIFA. Zetchi a fini par retirer sa candidature, tandis que M. Lekjaa a été élu au conseil de la FIFA et nommé deuxième vice-président de la CAF. Rabat jubile, et Abdeslam Ouaddou voit son nom utilisé par les organes de propagande algériens.
Alors que Ouaddou cirait les pompes de la dictature militaire; les footballeurs, qui ne croient qu’en le peuple algérien, avaient lancé une large compagne en pleine vague Delta afin de fournir de l’oxygène et des concentrateurs d’oxygène aux hôpitaux algériens, alors que près de 14 000 patients étaient sous assistance respiratoire dans le pays, entre la vie et la mort. Les personnels soignants algériens étaient eux-mêmes en difficulté. À l’époque, le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) a déclaré que l’Algérie a enregistré 460 décès parmi eux dont 262 médecins depuis février 2020. Face à la demande pressante, le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane a promis d’importer plus de 163 000 litres d’oxygène ainsi que dix unités de production d’une capacité de 20 000 à 40 000 litres par jour et de faire venir dans le pays des milliers de concentrateurs d’oxygène. Aucune de ces annonces n’a été concrétisée.
Un mot pour les victimes de l’incurie criminelle algérienne, Abdeslam ?