Leur libération doit permettre d’entamer les négociations entre les insurgés et le gouvernement afghan. Le sort de ces talibans a été un frein au démarrage des discussions, maintes fois repoussées.
Les autorités afghanes ont annoncé, vendredi 14 août, qu’elles avaient commencé à relâcher les 400 prisonniers talibans dont la libération doit permettre le début des négociations de paix.
Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Javid Faisal, a tweeté que 80 détenus avaient été libérés jeudi, ce qui va «accélérer les efforts en vue des discussions directes et d’un cessez-le-feu durable et national».
Le sort de ces 400 talibans a été un des principaux freins au démarrage des négociations, maintes fois repoussées, entre les insurgés et le gouvernement afghan, qui s’était engagé à procéder au préalable à un échange de prisonniers.
Une loya jirga, grande assemblée afghane composée de milliers de dignitaires, responsables étatiques et chefs tribaux, a accepté dimanche le principe de la libération des 400 talibans. Lundi soir, le président, Ashraf Ghani, a signé un décret ordonnant leur libération, ont annoncé ses services.
Certains des prisonniers ont été impliqués dans des attaques meurtrières qui ont tué des Afghans et des étrangers, y compris plusieurs Français, et 44 sont particulièrement surveillés par les Etats-Unis et d’autres pays pour leur rôle dans des attaques visant des cibles de premier plan.
Kaboul a déjà relâché près de 5 000 talibans, mais les autorités afghanes avaient jusqu’ici refusé de libérer les 400 derniers captifs réclamés par les insurgés.
«La paix aura des conséquences»
La libération de «criminels endurcis» et de trafiquants de drogue va «vraisemblablement représenter un danger pour nous, pour les Etats-Unis et pour le monde», a mis en garde jeudi Ashraf Ghani, lors d’une vidéoconférence organisée par un centre de réflexion de Washington, le Council on Foreign Relations.
Avec cette libération, «nous payons le plus gros versement, ce qui signifie que la paix aura des conséquences», a-t-il dit. M. Ghani a souligné que les talibans devront faire des compromis lors des pourparlers de paix. «Il ne faut pas que les talibans cherchent à obtenir une position dominante», a-t-il dit.
Le président afghan a laissé entendre que les négociations pourraient durer longtemps, faisant allusion à l’accord bilatéral signé fin février entre les talibans et l’administration du président Donald Trump, désireux de retirer les forces américaines d’Afghanistan le plus tôt possible.
«Cette période doit être productive, ce pour quoi nous prions tous, sinon elle pourrait tourner à la destruction», a conclu le président afghan.