Le magazine « Jeune Afrique » est absent des kiosques algériens depuis le 23 avril dernier. Des lecteurs, des responsables d’institutions publiques et privées, des journalistes, des opérateurs économiques ou encore des diplomates accrédités à Alger ne cessent de s’interroger sur cette absence prolongée. Jeune Afrique s’explique.
Jeune Afrique a annoncé, jeudi, à ses lecteurs que l’absence du magazine des kiosques algériens est du à une décision unilatérale. « L’absence de Jeune Afrique ne relève pas de notre choix, mais d’une décision qui nous a été imposée par le gouvernement algérien sans concertation et sans consultation« , écrit Farid Alilat, journaliste au Groupe Jeune Afrique.
Alilat raconte que fin mars, le distributeur sur place du magazine a reçu une notification du ministère algérien de la Communication dans laquelle il lui est demandé de ne plus importer Jeune Afrique ainsi que d’autres titres édités par Jeune Afrique Media Group (The Africa Report et La Revue). Seul un quota de 350 exemplaires de Jeune Afrique, destiné aux diverses institutions, est autorisé à l’importation, précise-t-il. Cette décision a également touché de nombreux titres internationaux (Le Monde, Le Figaro, Paris Match, Le Canard Enchaîné…).
Les autorités algériennes entendent, en effet, « faire des économies en devises en supprimant ou en limitant drastiquement l’importation de la presse internationale« . C’est donc le motif qui a été adressé au groupe de JA. Un conseiller au ministère de la Communication a, en outre, tenu à souligner qu’il ne s’agissait pas de censure, mais plutôt d’une politique d’austérité imposée par la crise pour serrer la vis sur les importations.
Mais, est-ce que suspendre les journaux étrangers est « sérieusement de nature à réduire cette facture des importations qui, malgré toutes les mesures, tous les tours de vis, toutes les restrictions et toutes les professions de bonne foi, n’arrive pas à descendre sous la barre de 44 milliards de dollars par an? » s’interroge le journaliste Alilat qui indique qu’ « un grand pays comme l’Algérie en soit aujourd’hui réduit à limiter l’importations de journaux, qui restreint donc, pour ne pas dire interdit, l’accès de sa population à l’information et à la culture, pour manque de devises, en dit long sur la gravité de la situation ».
Farid Alilat affirme donc que priver les Algériens de journaux étrangers n’aidera pas le gouvernement à faire des épargnes en devises et ne réduira pas son déficit commercial. « Aberrant, désuet et surtout en porte-à-faux avec les accords que l’Algérie a signé avec l’UE. Le droit de la libre circulation de l’information doit être garanti et protégé comme le droit à la libre circulation des personnes« , conclut-il.