Selon l’économiste Rafael Esparza Machín, la récente décision du tribunal européen sur la question du Sahara «semble omettre certaines réalités essentielles». Dans une tribune publiée sur Lahoradigital, il rappelle que «depuis 2007, l’ONU a modifié son approche, en écartant l’idée d’un référendum.»
L’arrêt de la CJUE n’a pas pris en compte plusieurs réalités, souligne Rafael Esparza Machín, professeur et économiste, dans une tribune publiée sur Lahoradigital. Le spécialiste du Maghreb y énumère les points suivants.
- Le cas du Sahara est vicié dès son origine. historiquement, «ce territoire faisait partie de l’Empire chérifien (l’actuel Maroc) et figurait ainsi dans tous les traités avec les puissances européennes. Il était également mentionné sur les cartes françaises, anglaises, allemandes et espagnoles de l’époque. Cet empire fut mutilé par le colonialisme franco-espagnol, ce qui a contribué à l’expansion de l’Algérie et à la création du conflit du Sahara», a-t-il écrit.
- L’ONU a, depuis, reconnu son erreur initiale, et à partir de 2007, elle ne parle plus de référendum, mais plutôt d’un accord politique entre les parties impliquées dans ce dossier.
- L’absence de référendum s’explique par l’absence d’un recensement fiable : «Le Polisario et l’Algérie ont boycotté quatre des cinq points convenus pour l’établissement de ce recensement. Aujourd’hui, les habitants des camps ne sont ni recensés, ni reconnus comme réfugiés, en violation des obligations de l’Algérie en tant que pays hôte, et de ce fait, les droits des réfugiés reconnus par les Nations unies leur sont refusés», a-t-il précisé.
- La propre décision du tribunal européen ne considère pas le Polisario comme l’unique représentant du peuple sahraoui, «mais seulement comme le représentant d’une partie de celui-ci. L’arrêt précise que, ne pouvant recueillir l’opinion des Sahraouis, il n’a pas pu obtenir une consultation complète. Toutefois, cette opinion aurait pu être obtenue en consultant les représentants démocratiquement élus des Sahraouis résidant au Sahara marocain, qui représentent la majorité, ainsi que le Mouvement sahraoui pour la paix, qui représente une autre partie de la population sahraouie», a-t-il noté.
- En ce qui concerne les produits issus de la pêche et de l’agriculture dans le Sahara, objet des accords UE-Maroc évoqués dans l’arrêt, «il est à noter qu’aucune activité agricole n’existait sous l’ère espagnole. Aujourd’hui, ces régions approvisionnent les marchés en fruits et légumes, avec un grand potentiel d’exportation», selon le spécialiste.
- Il est clair pour ceux d’entre nous qui connaissaient le Sahara des années 1970, et qui continuent à le visiter, «que le solde des revenus et des dépenses sur place est largement en faveur des investissements réalisés par le Maroc en infrastructures (aéroports, routes, logements, parcs éoliens et photovoltaïques, universités, écoles), ainsi qu’en salaires, prestations à la population», a-t-il détaillé.
- En Europe, «une vision néocoloniale de nos voisins perdure encore, mais peu à peu, la réalité multiculturelle s’imposera, rétablissant ainsi la justice», a-t-il déploré.
Rafael Esparza Machín a ajouté que la souveraineté du Maroc sur le Sahara «est un fait indiscutable, largement accepté par la communauté internationale, comme le démontre l’ouverture de trente-deux consulats généraux à Laâyoune et à Dakhla ainsi que le soutien explicite de plus de 115 pays à l’initiative d’autonomie sous souveraineté marocaine, qui demeure la seule solution viable à ce conflit régional» Par ailleurs, «la majorité des États membres de l’ONU ne reconnaissent pas l’entité du Polisario et soutiennent le processus politique sous l’égide exclusive des Nations unies comme unique voie vers une solution politique définitive», a-t-il insisté.
Il rappelle que la «rasd» n’est «qu’une émanation des intérêts géopolitiques et de l’agenda hégémonique du pays hôte des camps de Tindouf, l’Algérie. Elle n’a ni territoire, ni population, ni gouvernement. La grande majorité des Sahraouis vivent dans le Sahara marocain, où ils participent activement au développement et à la vie démocratique de la région par l’intermédiaire de leurs représentants locaux et régionaux», avant de conclure que «l’obstination de l’Algérie à refuser de s’engager de bonne foi dans le processus politique retarde la résolution définitive de ce différend.»