Le Japon procède à une redéfinition de son enseignement supérieur et a décidé de fermer les études des sciences humaines et sociales pour les remplacer par un enseignement « plus utile » à la société et à l’économie.
En juin dernier, le ministère de l’Enseignement supérieur avait envoyé une lettre aux responsables des universités leur demandant de ne plus recevoir des étudiants en sciences humaines, ce qui a été mal accueilli dans les milieux universitaires.
Suite à cette décision, plusieurs universités ont annoncé qu’elles s’apprêtaient à fermer prochainement leurs départements de sciences humaines et sociales, et d’autres ont décidé de ne plus recevoir d’étudiants dans cette discipline dès la rentrée 2016.
Cette décision s’inscrit dans un plan de réforme globale proposé par le Premier ministre Shinzo Abe, pour relancer l’économie . Déjà en 2014, le premier ministre japonais avait expliqué, devant l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), que son pays, « plutôt que d’approfondir les recherches universitaires hautement théoriques », il encourage «une éducation plus technique et professionnelle, qui participe davantage aux besoins de notre société. »
La décision de se passer des études humaines et sociales a provoqué plusieurs réactions hostiles. Les présidents des universités de Tokyo et de Kyoto, deux des plus prestigieuses du pays, ont rappelé que la plupart des cadres du pays parvenus au sommet de l’Etat sont issus de ces filières. Le plus virulent opposant à cette décision, Takamitsu Sawa, président de l’université de Shiga (une province au centre de l’île principale du Japon, Honshu), a estimé que « l’esprit critique et les sciences humaines sont les fondements de la liberté » et « tout État qui rejette ce savoir devient toujours totalitaire ».