Alors que la contestation gagne le secteur de la justice à cause de la colère des robes noires contre les modifications de la procédure civile et de la menace de descendre dans la rue pour exprimer leur fronde, les observateurs s’interrogent sur la capacité du ministre de tutelle, Abdellatif Ouahbi, de mener à bien le chantier de réforme. La disqualification des acteurs concernés interpelle sur la démarche suivie par Ouahbi pour développer des textes de loi exigeant l’adoption d’une approche participative, au regard de leurs implications pour le système judiciaire dans son ensemble et pour la société.
Ce n’est pas la première fois que le ministre Ouahbi manifeste une certaine légèreté dans le traitement de dossiers aussi sérieux. L’on se rappelle les protestations massives des candidats aux concours d’avocat et la manière très discutable avec laquelle il a géré le problème, nécessitant un arbitrage externe pour débloquer la situation. Les égarements de l’ancien secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM, 2020-2024) ne datent pas d’aujourd’hui. Il a fait preuve des mêmes erreurs de jugement quand il exerçait comme avocat. À ce propos il serait utile de rappeler qu’il a fait l’objet d’une suspension pour quatre mois lorsqu’il exerçait en tant qu’avocat du barreau de Rabat.
L’arrêt de justice, dont Barlamane.com détient une copie, épingle Mᵉ Ouahbi pour manquements à l’honneur et à la déontologie de la profession. La décision portait le numéro 32 (dossier 67/1124/2011) et a été émise, le 25 avril 2013, par la chambre du conseil de la cour d’appel de Rabat, statuant sur les recours dirigés contre les élections du bâtonnier et les décisions du Conseil de l’ordre.
Dans les faits, le procureur général près la cour d’appel de la capitale a déposé un recours contre la décision du barreau de Rabat de ne pas sanctionner Mᵉ Ouahbi, dans sa résolution datée du 7 juin 2011 sous le numéro 35/2011. Abdellatif Ouahbi faisait, alors, l’objet d’une plainte déposée contre lui, le 28 septembre 2009, par l’Amicale hassania des magistrats, pour des articles et des déclarations dans lesquels il mettait en cause l’indépendance du pouvoir judiciaire et l’intégrité des juges.
Parmi les articles attribués à Abdellatif Ouhabi, il y avait un papier intitulé «Polémique juridique autour de l’innocence d’El Afoura». L’article, publié dans un journal national, posait des interrogations sur le responsable de l’acquittement de l’ancien gouverneur de la la préfecture Aïn Sebaa-Hay Mohammadi.
En plus d’avoir mis en cause le système judiciaire national, Abdellatif Ouahbi, qui tente actuellement d’imposer une procédure civile sans impliquer les acteurs du secteur, a déjà échoué à plusieurs reprises à l’examen d’exercice de la profession d’avocat. Cela pose, effectivement, la question de sa capacité à légiférer sur des lois essentielles pour la société et son organisation. À la suite de son échec au concours, il a demandé l’aide des jeunes avocats et n’a été soutenu que par six d’entre eux.