Le juge du Tribunal national espagnol Santiago Pedraz a rendu jeudi deux ordonnances dans lesquelles il a «rejeté» les mesures conservatoires sollicitées contre le chef du Front Polisario Brahim Ghali par les plaignants, l’Association sahraouie pour la défense des droits de l’homme (Asadedh) et l’activiste sahraoui Fadel Breica. Tous deux étaient intéressés par l’arrestation immédiate de Ghali afin de garantir sa comparution devant le juge le 1ᵉʳ juin.
Des sources juridiques citées par l’Agence Europa Press affirment que Santiago Pedraz a affirmé à l’Asadedh que «l’ordonnance émise contre Brahim Ghali est maintenue», mais sans prendre en considération «les mesures conservatoires sollicitées contre le chef du Front Polisario réclamées par les plaignants».
Ainsi, affirme Europa Press, M. Pedraz «continue pour le moment à considérer qu’il n’est pas nécessaire d’adopter des mesures conservatoires à l’encontre de Ghali encore qu’il ait refusé de signer la convocation l’informant qu’il devrait témoigner le 1ᵉʳ juin. Le séjour de Ghali dans un hôpital de Logroño, où il est soigné pour des conditions de santé précaires aggravées par Covid-19, a déclenché une crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc qui a conduit à une autre crise, de nature migratoire dans la ville de Sebta.»
Concrètement, la plainte de M. Breica contre Ghali et d’autres responsables séparatistes et algériens a été acceptée par le juge Pedraz il y a quelques jours, et concerne des crimes de détention illégale et des accusations de torture. Le militant sahraoui y affirme qu’en avril 2019, à son arrivée dans les camps de Tindouf, il a été menacé par des agents du Front Polisario pour quitter les lieux et a été accusé d’être un traître.
«M. Breika a organisé plusieurs manifestations hostiles à la ligne officielle du Polisario, et après avoir appelé à l’insurrection, il a été détenu par les militaires séparatistes et transféré dans des centres de détention indéterminés. Pendant cette période, dit-il dans la plainte, il a été battu, électrocuté et gardé dans l’obscurité, les yeux bandés, les mains et les pieds liés», détaille Europa Press.
«Après l’admission de cette plainte, la réintégration de celle déposée par l’Association sahraouie de défense des droits de l’homme (ASADEDH) est survenue cette semaine puisque Ghali a déjà été identifié. Cette plainte a été initialement déposée en 2008 – mais a ensuite été classée – pour génocide, meurtres, blessures, détention illégale, terrorisme, torture et disparitions» note la même source.
Dans la lettre demandant d’accepter cette plainte, l’association sahraouie a déclaré à la Cour centrale d’instruction numéro 5 qu’elle savait que le chef du Front Polisario était entré en Espagne sous «un faux nom pour éviter la justice espagnole», et ce via un «avion médicalisé».