De par sa position géographique, sa structure topographique, la nature de son couvert végétal, le Maroc est particulièrement vulnérable aux effets des changements climatiques.
Toutes les données météorologiques disponibles indiquent un réchauffement significatif au Maroc durant les dernières décennies avec une augmentation importante de la fréquence et de l’intensité des événements extrêmes du type sécheresses et inondations.
Les projections climatiques prévoient une augmentation de la température de l’ordre de 1 à 1,5°C et une diminution des précipitations allant jusqu’à 20%, ce qui entraînera des sécheresses encore plus importantes et réduira davantage les possibilités d’irrigation. En effet, tous les modèles de circulation générale prévoient que ce réchauffement devrait continuer au Maroc et même prendre une autre dimension durant les prochaines décennies.
D’ailleurs, ces préoccupations climatiques étaient au cœur d’une conférence internationale organisée à Rabat, par le Centre d’excellence et de conseil agricole maroco-allemand (CECAMA), en collaboration avec l’Institut agronomique et vétérinaire (IAV) Hassan II et avec l’appui de l’Office national du conseil agricole (ONCA) et du ministère fédéral allemand de l’Alimentation et de l’Agriculture (BMEL), sous le thème « agriculture résiliente aux changements climatiques : voies d’adaptation ». Cette conférence, qui a réuni plus d’une centaine de participants, vise à informer et à sensibiliser les professionnels du secteur agricole, ainsi que le grand public sur la problématique des changements climatiques et leurs répercussions sur l’agriculture marocaine.
Dans ce sens, le Directeur de l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II IAV de Rabat, Ali Hammani, a souligné que le Maroc a mis en œuvre une politique visionnaire, laquelle a permis d’atteindre les objectifs de la sécurité alimentaire, notant qu’il s’agit d’une stratégie d’adaptation aux changements climatiques. Pour M. Hammani, le Maroc consomme presque la totalité des ses ressources en eau, et il est en phase de s’adapter à mieux valoriser ses ressources et d’économiser l’eau d’irrigation à travers un programme ambitieux du Plan Maroc vert.
La valorisation de l’eau des pluies est l’une des voies d’adaptation les plus importantes au Maroc, a-t-il dit, ajoutant qu’en moyenne, le Maroc reçoit 140 milliards m3 de pluies, dont 108 milliards m3 s’évaporent. D’où la nécessité de mettre en œuvre des techniques pour profiter des eaux de la pluie avant qu’elles s’évaporent. M. Hammani a, en outre, indiqué que le système de formation doit évoluer pour qui il soit en mesure de s’adapter au contexte des changements climatiques.
Quant au directeur du CECAMA, Klaus Goldnick, il a souligné que la nécessité de s’adapter au changement climatique n’est plus à démontrer. Tout le monde a vu ces dernières années que la température augmente et les précipitations deviennent de plus en plus rares, ajoutant qu’il faut que l’agriculture s’adapte à cette nouvelle donne. « On voudrait montrer avec les interventions de plusieurs pays notamment de l’Allemagne, de la Tunisie, de l’Algérie et du Maroc surtout, quelles sont les voies pour s’adapter, quelles mesures que les agriculteurs doivent entreprendre pour mieux être préparés à cette situation », a précise cet expert allemand.
Fruit d’une collaboration entre le ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime au Maroc et du ministère fédéral de l’Alimentation et de l’Agriculture en Allemagne, le CECAMA, basé à Sidi Slimane, propose, depuis 2013, différentes formations dans le domaine agricole, destinées aux agriculteurs, aux conseillers et à tous les intervenants agricoles. Il conduit actuellement une nouvelle composante sur les changements climatiques, à travers le projet « Appui à l’agriculture marocaine dans le processus d’adaptation aux changements climatiques ».