La société marocaine Aerodrive Engineering Services a annoncé le succès de la première expérimentation de son drone Atlas Istar, un appareil conçu et fabriqué au Maroc. Cet appareil, résultat de plusieurs mois de tests rigoureux, est présenté comme un «jalon majeur» dans le développement des systèmes aériens sans pilote. Il offre des capacités en temps réel dans les domaines du renseignement, de la surveillance, de l’acquisition de cibles et de la reconnaissance, même dans des conditions météorologiques difficiles, a précisé l’entreprise dans un communiqué.
Cette annonce «s’inscrit dans le cadre des efforts du Maroc pour implanter et développer une industrie de défense nationale.» Le drone marocain est capable de voler à une altitude maximale de 7 000 mètres, avec une autonomie dépassant les 24 heures. Avec une vitesse de croisière de 250 km/h et équipé de capteurs de haute précision, il permet d’obtenir des images et des données cruciales. En juin, un décret a été adopté lors du Conseil des ministres pour la création de deux zones d’accélération industrielle dédiées aux industries de défense, couvrant une superficie de 500 hectares. Ces zones accueilleront des entreprises spécialisées dans la production d’équipements militaires, d’armements et de systèmes de sécurité. Le Maroc prévoit d’y attirer près de 2,04 milliards de dirhams d’investissements d’ici 2027.
Depuis la fin des années 2010, le Maroc s’impose progressivement comme une puissance montante en matière de défense aérienne grâce à l’acquisition et au développement de drones sophistiqués. Parmi les appareils phares qui figurent dans son arsenal, on retrouve les drones américains MQ-9 Reaper, reconnus pour leur capacité à mener des frappes de précision à longue distance et à fournir un soutien constant aux forces terrestres. Ces drones peuvent atteindre une altitude de 15 000 mètres et voler pendant plus de 30 heures, offrant ainsi une couverture aérienne ininterrompue sur de vastes zones.
En complément, le Maroc a également acquis des drones turcs Bayraktar TB2, qui ont prouvé leur efficacité dans divers conflits récents. Capables de voler pendant 27 heures et équipés de systèmes d’armement de pointe, ces drones sont utilisés pour des missions de reconnaissance et d’attaque, notamment contre des cibles mobiles dans des zones difficiles d’accès. Ces modèles sont particulièrement adaptés aux opérations dans les régions sahariennes du Maroc, où ils surveillent les frontières et détectent les mouvements suspects des séparatistes du Polisario.
Les drones, qu’ils soient importés ou produits localement, «offriront au Maroc des avantages stratégiques significatifs» nous confie une source proche du dossier, qui confirme «la volonté de Rabat d’introduire ces technologies dans sa stratégie de défense et dans son envie de développer une industrie militaire nationale.»
Partenariats étrangers concluants
En avril, la société israélienne BlueBird Aero Systems, spécialisée dans les aéronefs sans pilote (ASP), a récemment annoncé l’ouverture imminente d’une unité de production de drones sur le sol marocain. Cette révélation, faite par Ronen Nadir, directeur général de l’entreprise, illustre une collaboration technologique inédite entre les deux pays. Si l’emplacement exact de cette future installation, ni la date du démarrage de sa production n’ont pas encore été approuvés, il est clair que ce projet s’inscrit dans une dynamique plus large de renforcement des capacités industrielles et militaires du Maroc. Abdelltif Loudiyi, ministre délégué à l’administration de la défense nationale, avait souligné en novembre 2023 la nécessité pour le Maroc «de développer une industrie militaire capable non seulement de répondre aux besoins nationaux, mais aussi d’exporter des systèmes militaires sophistiqués.»
En 2022, le Maroc a passé une commande de 150 drones ThunderB, dont une partie devrait être fabriquée localement, renforçant ainsi les capacités du Royaume en matière de défense autonome. De plus, lors du Salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, en France, BlueBird avait présenté le SpyX, une munition rôdeuse d’une portée étendue. Ce drone, récemment acquis par les Forces armées royales (FAR), est susceptible d’être produit au Maroc, selon les responsables des deux pays.
En 2021, les FAR ont fait l’acquisition du système de défense Skylock Dome pour renforcer leur capacité à contrer les menaces aériennes, suivi en 2023 de l’achat du système de défense aérienne Barak MX, conçu par Israel Aerospace Industries. Ce système modulaire permet une protection efficace contre les missiles et avions, tant sur des plateformes maritimes que terrestres.
Drones et réformes législatives majeures.
En 2021, le Parlement marocain a adopté une loi autorisant la création de coentreprises dans l’industrie de défense. Ce cadre juridique innovant a ouvert la voie à l’installation d’entreprises privées spécialisées dans la production d’armements et d’équipements militaires sur le territoire national. Cette législation a non seulement permis à BlueBird Aero Systems de s’implanter au Maroc, mais elle a également favorisé le développement de partenariats industriels avec d’autres acteurs internationaux du secteur.
Le rapprochement entre le Maroc et Israël s’est intensifié à la suite de la visite en novembre 2021 de Benny Gantz, alors ministre israélien de la défense. Cette rencontre a abouti à la signature d’un accord-cadre militaire et sécuritaire entre les deux pays, portant notamment sur la coopération en matière de renseignement, la création de liens industriels, et l’achat d’armements. En juin 2022, pour la première fois, des observateurs israéliens ont participé à l’exercice militaire African Lion, coorganisé par le Maroc et les États-Unis.