L’imminente mise en œuvre du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) de l’Union européenne en 2026 oblige les exportateurs marocains à relever de nouveaux défis économiques et environnementaux. Ce dispositif, qui aspire à freiner les importations à forte empreinte carbone, risque d’affecter plusieurs secteurs clés de l’économie marocaine, notamment l’agroalimentaire, le textile et les industries énergivores.
La mise en œuvre du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) de l’Union européenne, prévue pour 2026, imposera aux exportateurs marocains de relever d’importants défis environnementaux et économiques. Si cette nouvelle réglementation entend réduire les émissions de gaz à effet de serre liées aux importations, elle menace plusieurs secteurs clés de l’économie marocaine, notamment le textile et l’agro-industrie, tout en ouvrant des perspectives de transformation durable.
Selon des premières estimations, le MACF pourrait entraîner une diminution de plus de 11 % des exportations marocaines si son champ d’application venait à s’étendre, en particulier à partir de 2027-2028, lorsque les secteurs du textile et de l’agro-industrie seront également soumis à cette réglementation. À l’échelle continentale, l’Afrique subirait une baisse globale de 5,72 % des exportations, avec des pertes particulièrement lourdes pour l’aluminium (-13,9 %), le fer et l’acier (-8,2 %) ainsi que les engrais (-3,9 %). Cette contraction pourrait réduire le PIB africain de 1,12 %, soit environ 31 milliards d’euros.
Textile et agro-industrie : entre adaptation et défis
Dans le nord marocain, les industriels du textile ont déjà engagé des efforts significatifs en matière de décarbonation, souvent poussés par leurs partenaires européens soucieux de respecter les nouvelles normes environnementales. Cependant, dans l’agro-industrie, des progrès restent nécessaires, notamment pour limiter l’usage intensif de pesticides et d’herbicides, qui alourdit l’empreinte carbone des produits agricoles marocains.
Face à ces défis, le Maroc mise sur une stratégie ambitieuse de finance climat à l’horizon 2030. Celle-ci repose sur trois axes principaux : la création d’un marché financier intégré favorisant les projets verts; la promotion d’investissements durables, appuyée par des initiatives telles que les Fintechs ou les marchés de carbone, mais aussi l’introduction d’une taxe carbone nationale dans la loi de finances 2025, dont l’application est en préparation, mais en douceur, afin de permettre aux acteurs économiques de mieux se préparer.
Parallèlement, le Maroc poursuit ses efforts pour diversifier son mix énergétique et réduire sa dépendance aux énergies fossiles en s’appuyant sur des infrastructures phares telles que la centrale solaire Noor à Ouarzazate, symbole de sa force régionale en matière d’énergies renouvelables.