Longtemps considéré comme un pays stratégique par ses alliés en particulier européens, le Maroc est devenu, en l’espace de quelques années, « ce gendarme incontournable » dont on ne peut se passer.
Que ce soit en matière de lutte contre l’immigration clandestine, le crime organisé ou bien évidemment la lutte contre le terrorisme, le Royaume ne cesse d’être sollicité par ses voisins du nord à chaque fois qu’ils sont confrontés à des situations graves. Et pour cause, ses services de renseignements sont considérés comme les plus performants dans la région, comme l’illustrent d’ailleurs les multiples démantèlements de réseaux terroristes çà et là, ou de crimes organisés, entre autres.
Pour ce qui est des attentats de Paris, le Maroc, qui a mis sur pied le Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ), a fourni des informations précieuses sur les auteurs, notamment Abdelhamid Abaaoud, le cerveau présumé de ces actes, et bien d’autres. Que le ministre français de l’intérieur Bernard Cazeneuve en fasse mention aux bouts des lèvres sans le citer nommément, se contentant de parler d’un pays hors d’Europe, n’entame en rien la détermination du Maroc à collaborer avec ces voisins. En espérant que M. Cazeneuve daigne nous révéler, un jour, le nom de ce pays hors d’Europe, il y a son président, François Hollande qui a tenu à réparer cette bourde en adressant ses remerciements, de manière directe, au Roi Mohammed VI lors de leur entretien vendredi à l’Elysée.
Mais qu’à cela ne tienne, le Maroc qui lui aussi a vécu les affres du terrorisme avec les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca, et ceux de Marrakech le 28 avril 2011 a, depuis, acquis une grande expérience et une grande notoriété en matière de renseignements et de lutte contre ce fléau. Par conséquent, il n’a nul besoin d’attendre à ce qu’un responsable de la trempe de Cazeneuve ose le mentionner. Ce qui n’est pas le cas des autorités espagnoles qui, au plus haut niveau, n’hésitent pas, à chaque fois, à louer la collaboration et la coopération des autorités marocaines, que ce soit en matière de lutte contre le terrorisme, ou dans d’autres domaines. Les actions simultanées menées, de temps à autres, dans les deux pays qui ont abouti au démantèlement de plusieurs réseaux terroristes, ou du crime organisé, de même que les filières de l’immigration clandestine, constituent la preuve la plus tangible d’une coopération qualifiée à maintes reprises d’ « excellente » par nos voisins espagnols.
Que l’on considère que le Maroc joue le rôle de « gendarme » de l’Europe, cela ne le dérange pas, car convaincu que sa propre sécurité dépend aussi de celle de ses voisins, d’où sa détermination à continuer à coopérer avec eux. C’est le cas notamment pour les attentats de Paris qui ont pris de court les services de renseignements français qui, une fois passés l’émotion et le choc, devront certainement s’expliquer. La prise d’otages, vendredi, à l’hôtel Radisson de Bamako ayant fait au moins 22 morts, attaque qui intervient une semaine, jour pour jour, après la tragédie de Paris, ne fera qu’aggraver le cas de ces services qui pourtant appartiennent à un pays qui s’est vanté d’avoir « sécurisé » le Mali.