La dette extérieure du Maroc a connu une augmentation significative en 2023, atteignant près de 70 milliards de dollars, soit l’équivalent de 50 % du produit intérieur brut (PIB) et représentant la totalité des recettes annuelles d’exportation du pays, selon un rapport récent publié par la Banque mondiale.
Cette hausse, qui marque une progression de 6,6 % par rapport à l’année précédente, se compare aux 65 milliards de dollars enregistrés en 2022. Ce niveau d’endettement place le Maroc parmi les économies émergentes les plus exposées aux fluctuations des marchés financiers internationaux, dans un contexte mondial marqué par la hausse des taux d’intérêt et les incertitudes géopolitiques.
Répartition des créanciers : une prédominance des institutions multilatérales
Le rapport souligne que les créanciers multilatéraux constituent la principale source de financement extérieur pour le Maroc, représentant 49 % de l’encours total. À leur tête figure la Banque mondiale, avec une part de 20 %, suivie par la Banque africaine de développement (10 %), tandis que les 19 % restants se répartissent entre diverses institutions internationales, dont le Fonds monétaire international et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement.
Les créanciers privés, eux, occupent la deuxième position avec 36 % de la dette extérieure marocaine. Parmi eux, les obligations souveraines émises sur les marchés internationaux représentent une part significative, soit 27 % du total. Cette dépendance croissante aux financements privés, souvent à des taux plus élevés, expose le pays à des risques accrus en cas de volatilité sur les marchés obligataires mondiaux.
Les dettes bilatérales, accordées par des États étrangers, composent 15 % de l’ensemble de la dette extérieure du Maroc. La France et l’Allemagne figurent parmi les principaux créanciers bilatéraux, avec une part égale de 5 % chacune. Le Japon suit avec 2 %, tandis que les autres gouvernements cumulent 3 %. Cette répartition met en évidence le rôle central des partenaires européens dans le financement des besoins extérieurs du Royaume.
Un défi pour la soutenabilité de la dette
Cette augmentation de la dette intervient dans un contexte où le Maroc cherche à élargir ses investissements dans les infrastructures, la transition énergétique et les réformes sociales, tout en faisant face aux défis posés par les changements climatiques et les tensions sur les marchés mondiaux des matières premières. Toutefois, l’alourdissement de la dette extérieure pourrait limiter les marges de manœuvre budgétaires du pays d’autant plus que le service de la dette est susceptible d’augmenter dans les années à venir en raison de la normalisation monétaire menée par les grandes banques centrales.
Le rapport, que Barlamane.com a consulté, appelle ainsi à une gestion prudente de l’endettement extérieur, et recommande à Rabat une variation accrue des sources de financement, une optimisation de l’efficacité des investissements publics et une lutte soutenue contre la corruption et ses effets.