L’institution du Médiateur du Royaume a reçu un total de 75.188 doléances entre 2011 et 2018, soit une moyenne de 9 398 plaintes par an, et une augmentation moyenne de 2,93% du nombre de plaintes, selon le rapport annuel d’activité de cette institution pour 2018.
L’institution s’est saisie d’un total de 17.373 plaintes, et a émis à leur égard 1.941 recommandations, couvrant ainsi 11% des plaintes rentrant dans le cadre de ses attributions avec un taux moyen de 14,2%, précise le rapport. L’administration n’a mis en application que 761 recommandations, soit 39,2%, alors que les 60% restants n’ont toujours pas encore été appliqués, note la même source.
D’après le rapport présenté mardi par le Médiateur du Royaume, Mohamed Benalilou, le nombre des recommandations qui ont été réellement appliquées ou dont la non-application est justifiée légalement ne dépasse pas 804, soit un pourcentage d’application qui a atteint 41,42% à fin 2018.
Les recommandations non appliquées sont, quant à elles, au nombre de 1.137, représentant 58,57% du total, alors que le nombre des recommandations non appliquées et qui font toujours l’objet d’un suivi de l’institution du Médiateur a atteint 586.
Mohamed Benalilou a posé, à cet égard, la question de «l’utilité des programmes tracés et des budgets consacrés» si l’institution se verra obligée de produire davantage de recommandations au lieu de trouver des solutions, puisque ces recommandations «n’arrivent plus à réveiller le sens de la responsabilité chez les responsables concernés».
Pour la seule année 2018, l’institution du Médiateur a reçu 9 865 plaintes, en hausse de 5,19% par rapport à l’année précédente, mais seules 2.738 plaintes, soit 27,8% du total, rentrent dans le cadre des attributions de cette institution.
Les 7.127 plaintes restantes (72,2% du total) ne rentrent pas dans le champ de compétence de l’institution du Médiateur, qui fournit malgré tout les renseignements et l’orientation nécessaires pour les plaignants, notamment ceux dont les doléances reflètent le besoin d’une assistance juridique et administrative.
La ventilation de ces plaintes et doléances présentées en 2018 en fonction des secteurs administratifs concernés montre que certains secteurs continuent d’arriver en tête, sans grands changements dans le classement mise à part la baisse de 21,02% du nombre des plaintes déposées vis-à-vis du ministère de l’Intérieur par rapport à 2017, en raison de la séparation des plaintes concernant les collectivités territoriales.
Ces dernières figurent d’ailleurs parmi les secteurs ayant le plus été visés par les plaintes en 2018 avec un total de 267 doléances, occupant ainsi la quatrième place du classement (9,75% du total des plaintes).
Concernant la distribution des plaintes par régions, quelque 82,9% des plaintes proviennent de sept régions du Royaume, à savoir Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Fès-Meknès, Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra, l’Oriental, Laâyoune-Sakia El Hamra et Marrakech-Safi.
Concernant le classement des plaintes par objet, il ressort que les affaires d’ordre administratif s’accaparent de 60% des plaintes, suivies des affaires financières et immobilières et des plaintes liées à la non-application des décisions de justice visant les administrations.
Le rapport a aussi classé les plaintes qui rentrent dans le champ de compétences de l’institution du Médiateur en fonction des résultats du traitement. À ce titre, le nombre des plaintes résolues définitivement par l’administration n’a pas dépassé 480, sur un total de 2.110 plaintes en 2018, soit 22,75 %, un pourcentage «très faible» par rapport aux attentes.
Le niveau d’interaction de l’administration avec les efforts déployés par l’institution du Médiateur du Royaume reste insuffisant, selon le rapport qui montre que le traitement d’une grande partie des plaintes a été reporté à 2019, faute de réponse des administrations concernées. Le document pointe du doigt «la position négative» de l’administration, qui contribue à la perte de confiance et renforce le sentiment d’injustice chez les plaignants.
Par ailleurs, le rapport a aussi mis la lumière sur la persistance de certains dysfonctionnements et lacunes relevés par les rapports annuels précédents et qui dégradent la relation entre l’administration et le citoyen.
Il s’agit à la fois de dysfonctionnements transversaux liés aux effets du remaniement gouvernemental et à la lenteur de la mise en œuvre de la déconcentration administrative, et de dysfonctionnements verticaux et sectoriels en lien avec la non-application des sentences visant l’administration et le non-respect de la procédure légale de l’expropriation.