L’école Fahd de traduction à Tanger a déclenché, récemment, une vive polémique en classant l’amazighe parmi les «langues étrangères» pour ses concours d’admission 2024-2025. La méprise a provoqué un tollé, amenant l’établissement à présenter ses excuses, au moment où le ministère de l’enseignement supérieur s’emploie à circonscrire le feu.
Le département d’Abdellatif Miraoui, qui collectionne les impairs par rapport à plusieurs dossiers, sort enfin de son mutisme dans une tentative de rattraper l’erreur des responsables de l’école, relevant de l’université Abdelmalek Essaâdi à Tétouan. L’inconsistance permanente de ce ministère interpelle sur le sérieux et le sens de discernement de ses dirigeants.
Dans un communiqué rendu public vendredi 18 juillet, le ministère évoque «une erreur matérielle involontaire qui a été corrigée», soulignant que «des instructions ont été immédiatement adressées au président de l’université et au directeur de l’école pour rectifier la fiche qu’ils ont émise, ce qui a été fait en son temps.»
En faisant porter le chapeau aux deux établissements, les décideurs du ministère cherchent à se dédouaner de toute responsabilité, omettant de rappeler que le péché originel est à mettre à l’actif de leurs services centraux.
Dans une correspondance officielle adressées aux universités sur les orientations générales au titre de la prochaine rentrée, il a été demandé à l’école Fahd de classer l’amazighe dans la catégorie «première langue étrangère». Donc, il faudra chercher le coupable à Rabat, quand bien même les responsables de l’école ne sont pas totalement exempts, puisqu’ils pouvaient opposer les dispositions constitutionnelles pour rejeter les instructions.
Puisque le ministère parle dans son communiqué de «transparence», il se doit d’aller jusqu’au bout de son entreprise et d’ouvrir une enquête indépendante qui établira la vérité et déterminera la responsabilité des uns et des autres. La deuxième étape est d’applique le principe de reddition des comptes. Autrement dit, les responsables doivent être sanctionnés. Car il existe comme un air d’impunité dans ce département, où l’improvisation est érigée en mode de gouvernance.
Le ministère persiste dans sa fuite en avant en réitérant l’adhésion des universités et des ses établissements au programme gouvernemental relatif à la consécration du caractère officiel de la langue amazigh, notamment à travers la mise en place de modules dédiés dans la formation de base au titre des cycles de licence et de mastère.
Un petit rappel de l’alinéa 3 de l’article 5 de la Constitution marocaine : «De même, l’amazighe constitue une langue officielle de l’État, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception».