Un an après la reprise des relations entre les deux pays, ce déplacement vise à renforcer leur coopération sécuritaire.
Le ministre israélien de la défense, Benny Gantz, s’envole mardi 23 novembre au soir pour le Maroc, une première visite visant à renforcer la coopération sécuritaire entre les deux pays, un an après la normalisation de leur relation, et en pleine tension entre Alger et Rabat.
Depuis la reprise, l’an dernier, des relations diplomatiques entre les deux pays, un conseiller à la sécurité et le chef de la diplomatie israélienne se sont rendus au Maroc pour des entretiens, mais c’est la première fois qu’un ministre israélien de la défense mène une visite officielle au royaume.
M. Gantz, qui s’envole mardi soir de Tel-Aviv et quittera le Maroc jeudi, doit signer sur place un accord qui vise à «établir la pierre d’assise des relations sécuritaires futures entre Israël et le Maroc», a indiqué à l’AFP une source au fait de cette visite. Jusqu’à présent, il y avait une certaine coopération, mais là nous allons vraiment la formaliser. C’est une déclaration publique de notre partenariat», a ajouté ce responsable.
Les deux pays avaient établi des relations diplomatiques au début des années 1990, avant que le Maroc n’y mette fin au début de la seconde intifada, le soulèvement palestinien du début des années 2000.
La visite de M. Gantz intervient alors qu’Alger a rompu, en août, ses relations avec Rabat en raison d’«actions hostiles» du royaume. Le régime d’Abdelmadjid Tebboune a multiplié ces derniers mois les insinuations sur son agacement de l’axe Rabat-Tel-Aviv.
Pour Bruce Maddy-Weitzman, spécialiste des relations israélo-marocaines à l’université de Tel-Aviv, la première visite d’un ministre israélien de la défense au Maroc, en pleine tension entre les deux poids lourds du Maghreb, ne semble pas tenir de la pure coïncidence. «Il est possible que dans un contexte de tension Algérie-Maroc, les Marocains désirent montrer au monde, à leur propre population, à leurs rivaux algériens et à l’Occident qu’ils approfondissent leurs relations avec Israël, avec tout ce que cela implique», souligne-t-il.
Drones armés et logiciel espion
La société israélienne Ratio Petroleum avait annoncé récemment un partenariat avec Rabat pour l’exploration d’hydrocarbures au large de Dakhla, au Sahara. Et l’Etat hébreu est aussi l’un des principaux exportateurs au monde de drones armés et de logiciels de sécurité comme Pegasus, de la société NSO. Or les ventes de drones armés et de certaines technologies de pointe, à l’instar du logiciel espion, doivent être approuvées par le ministère de la défense, dirigé par M. Gantz.
Pour Bruce Maddy-Weitzman, le Maroc n’a pas abandonné la cause palestinienne «mais a beaucoup d’autres intérêts, beaucoup d’autres bénéfices à tirer d’un recalibrage» de ses relations. «La plupart des pays dans la région ne veulent plus être otages de cette cause, ils veulent prioriser leurs propres intérêts et Israël a beaucoup à leur offrir», dit-il.