Le rapport annuel de l’ONU publié ce mercredi, révèle que 70,8 millions de personnes étaient déplacées fin 2018 à cause des guerres ou des persécutions. Un chiffre record en près de 70 ans d’existence du HCR, qui ne comprend pas tous les Vénézuéliens.
« Cela représente le double du nombre de personnes déracinées il y a 20 ans, ainsi que 2,3 millions de personnes supplémentaires » par rapport à 2017, écrit le HCR. Ce nombre total de « déracinés » dans le monde comptabilise les réfugiés (25,9 millions), les déplacés internes (41,3 millions) et les demandeurs d’asile (3,5 millions).
Cette estimation reste « prudente », pointe le HCR, car « bien que la plupart des Vénézuéliens doivent pouvoir bénéficier du système de protection internationale des réfugiés, à peine un demi-million » ont déposé une demande d’asile. Seulement ces derniers ont été comptabilisés dans le rapport, alors que quelque 4 millions de Vénézuéliens ont fui leur pays depuis 2015, d’après les statistiques des pays qui les ont accueillis.
L’année a également été marquée par la grande progression des déplacements internes en Éthiopie, à la suite de violences inter-communautaires. En outre le conflit syrien a continué de produire un grand nombre de réfugiés et déplacés, tout comme les violences au Nigeria.
En ce qui concerne les réfugiés, 5,5 millions sont des Palestiniens, qui relèvent de la compétence de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine). Les autres proviennent, majoritairement, de cinq pays : Syrie, Afghanistan, Soudan du Sud, Birmanie et Somalie. Un peu plus d’un demi-million Syriens ont donc déposé le plus grand nombre de demandes d’asile.
Le HCR insiste aussi sur l’inégale répartition des réfugiés dans le monde. « Quand vous dites que l’Europe est face à une urgence des réfugiés, ou les États-Unis, ou l’Australie, c’est faux. La plupart des réfugiés [4 sur 5, NDLR] sont en fait dans un pays voisin du leur, et cela signifie malheureusement dans des pays pauvres ou des pays intermédiaires », a déclaré le Haut-commissaire de l’ONU aux réfugiés, Filippo Grandi, lors d’une conférence de presse à Berlin rapportée par Reuters.
Pour la quatrième année consécutive, la Turquie est le pays qui héberge la plus grande population de réfugiés au monde (3,7 millions), suivi du Pakistan, de l’Ouganda, du Soudan et de l’Allemagne.
Les États-Unis sont en revanche le pays qui a reçu le plus grand nombre de demandes d’asile l’an dernier, avec 250 000 demandes. Mais quelque 800 000 dossiers y sont déjà en souffrance. Ils sont suivis du Pérou, de l’Allemagne, de la France et de la Turquie.
Prié de dire, rapporte l’AFP si la politique migratoire de Donald Trump compliquait le travail du HCR, le Haut Commissaire a répondu que la « crise de la solidarité » ne concernait pas seulement les États-Unis, mais aussi l’Europe et l’Australie. Pour l’Europe, souligne-t-il, la question a été fortement politisée, au point que des gouvernements sont « terrifiés » à l’idée d’accueillir des réfugiés secourus en mer Méditerranée.
« L’appel que je lance donc, à présent que les élections européennes sont derrière nous, c’est de stopper cette agitation électorale. Le nombre de réfugiés arrivant en Europe sont franchement gérables », a-t-il énoncé.