Le Monde dans un reportage sur place décrit la crise économique en Algérie en s’appuyant sur l’observation des marchés impactés par la cherté des produits de consommation et l’effet direct des décisions gouvernementale sur la grogne populaire.
« Certains aliments de base se vendent désormais le double, voire le triple de leur tarif habituel. Ainsi, le prix du kilo de pommes de terre, qui a atteint 130 dinars (0,82 euro) contre environ 60 habituellement, est devenu le principal indicateur pour dénoncer l’augmentation du coût de la vie en Algérie », une hausse exponentielle qui trouverait son origine dans les marchés de gros.
Le journal explique que cette crise désormais appelée « crise de la patate » peine à être régulée par le gouvernement malgré sa tentative d’imposer un prix fixe de 50 dinars le kilo, et de revenir sur sa décision politique en recourant aux importations, ce qu’il refusait auparavant catégoriquement. Mais les chiffres sont têtus et l’inflation, non maîtrisée. Le Monde rappelle qu’elle était de 5,66 % à juin dernier , soit une augmentation folle de 3,4 points en un an, causée par la chute du dinar en plus des cours des matières premières à l’international. Un projet de loi serait en discussion, annonce Le Monde pour y pallier. Il « vise même à criminaliser la spéculation, avec des peines pouvant aller jusqu’à trente ans de prison si le crime concerne des produits de base comme les céréales, le lait, l’huile, le sucre et les légumineuses ».
Interrogé par le journal, l’économiste algérien Smaïl Lalmas souligne que la récession dure depuis 2018, avec le gel des grands projets et la perte d’emplois énorme qui touche tous les secteurs. Il pointe la faiblesse d’impact de la réduction de l’impôt sur le revenu global « et l’augmentation de l’indice de calcul des salaires dans la fonction publique, qui compte 2,1 millions d’employés », vu qu’il faudrait créer des « millions d’emplois » pour relever la situation. Il explique que pour cela il faudrait également intégrer l’informel dans le circuit formel mais la tâche s’avère quasi impossible, l’Etat ne bénéficiant plus de la confiance populaire. L’économiste conclut que « tout cela a été accompagné par une hausse des prix et la levée des subventions publiques sur certains produits, notamment le carburant, ce qui a affecté le pouvoir d’achat »
Les syndicats de leur côté font pression pour la revalorisation des salaires, la grogne populaire étant montante d’autant qu’un projet de loi relatif à la suppression du système des subventions généralisées est envisagé.