L’Algérie célèbre dans quelques jours le premier anniversaire du soulèvement populaire massif avec plus de manifestations de rue et le sentiment que les demandes de changement politique fondamental restent non entendues.
Le paysage politique algérien a radicalement changé en un an. L’ex-président octogénaire Abdelaziz Bouteflika – dont la quête d’un nouveau mandat a déclenché des protestations massives, a démissionné. En prison aujourd’hui se trouvent d’anciens premiers ministres et d’autres personnalités de l’establishment autrefois puissants, dont le frère de Bouteflika, Saïd. Alors que les manifestations hebdomadaires se poursuivaient, une élection présidentielle controversée en décembre a vu l’ancien chef du gouvernement et ancien loyaliste de Bouteflika, Abdelmadjid Tebboune, élu chef de l’État, les chiffres officiels montrant que seulement 40% des 24 millions d’électeurs éligibles ont voté.
Mais les manifestants ont dénoncé lors de la dernière marche, vendredi, comme les semaines précédentes, ce qu’ils ont appelé un « État militaire », exigeant que tous les prisonniers politiques soient libérés et que le pouvoir soit remis à une administration de transition dirigée par des civils pour faire place à une véritable démocratie.
L’actuel président, Abdelmadjid Tebboune, 74 ans, souhaite notamment réformer la constitution algérienne. Toutefois, manifestants et analystes pensent que le Pouvoir – système traditionnel des chefs militaires et économiques influents, tient encore les leviers du pays. Et tandis que certains suggèrent qu’il existe des options pour aller de l’avant, la rue et le gouvernement, pour l’instant, sont dans une impasse.
Le journaliste Khaled Drareni, journaliste indépendant, observateur de la première heure de la contestation et l’une des figures du mouvement populaire, a déclaré que « la revendication principale était et reste le départ du système qui gouverne l’Algérie », affirmant qu’il « s’est renforcé et même régénéré à travers le président Abdelmadjid Tebboune et son gouvernement. » Le journaliste indique que « la contestation s’est opposée à un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, mais dans les faits, nous sommes dans un cinquième mandat déguisé, une sorte de quatrième mandat bis. »
Pour lui, «le mouvement de contestation reste intact et va se poursuivre avec de nouveaux défis à relever et de nouveaux objectifs à atteindre.» La résilience est entière. «Le chemin reste encore long, nous avons déjà obtenu beaucoup de choses, mais il reste beaucoup d’autres choses à conquérir. Je pense notamment aux demandes de la population réclamant plus de justice sociale, la garantie des libertés et une démocratie réelle. La liberté d’expression et celle de la presse ont régressé ces derniers temps, ce qui démontre que le chemin est encore long devant nous» a-t-il détaillé.
«Le but du pouvoir est de tuer et de museler ce mouvement» a-t-il alerté, ajoutant que «la force de ce mouvement c’est qu’il n’a pas de représentant, et qu’il doit se cristalliser autour de revendications politiques, et avoir une vision de l’avenir.» Drareni dit que les différentes tendances du mouvement tiendront une conférence nationale le 20 février «non par pour parler au nom du mouvement, mais pour discuter et dire comment ils voient l’avenir.»
Même sans troubles politiques, le nouveau gouvernement algérien, impopulaire et désavoué par la rue, fait face à une année économique difficile, les finances publiques étant durement touchées par la baisse rapide des revenus des hydrocarbures.
Le Premier ministre Abdelaziz Djerad a déclaré cette semaine que la corruption et la mauvaise gestion ont engendré une situation économique « délicate » pour l’Algérie, un pays membre de l’OPEP qui est également confronté à un effet négatif de la chute des prix mondiaux du pétrole brut.






